Peut-être pas la plus connue mais assurément l'une des plus courageuse au monde en ce moment même.
Actrice syrienne alaouite, elle a joué dans plusieurs pièces de théâtre comme La Voix de Marie et Media, et dans au moins une douzaine de séries télévisée, comme Les mémoires de Abou Antar et Petites Dames. Elle a aussi joué le rôle une professeur d'art dans un orphelinat dans Petits cœurs, une série télévisée diffusée sur plusieurs chaînes arabes. Finalement, elle a joué dans une adaptation arabe de la pièce de théâtre Une maison de poupée d'Henrik Ibsen au théâtre Qabbani à Damas.
Elle ne jouera peut-être plus jamais chez elle, en Syrie.
Elle a co-dirigé des manifestations demandant le départ d'Assad, avec le joueur de football Abdelbasset Sarout.
Le régime alaouite de Bachar El-Assad n’a pas réussi à liquider Fadwa Suleiman, il a donc soufflé sur les haines confessionnelles. S’adressant aux habitants sunnites de Homs, la ville où elle s’était réfugiée, il leur a ordonné de lui coupez-lui la tête puisqu'alaouite comme lui. La jeune et populaire comédienne Fadwa Suleiman est, inutile de le préciser, entrée dans la clandestinité.
Le régime syrien en a pris prétexte pour la présenter comme une traîtresse qui complote pour le compte de l’étranger contre la Syrie. Car pour les médias du régime, qui sont spécialistes dans l’échafaudage de théories de complot, il suffit qu’un nom apparaisse dans les médias occidentaux ou israéliens pour les jeter en pâture. Sur sa page Facebook, Fadwa explique qu’elle s’est décidée à rejoindre l’opposition après avoir vu des vidéos évoquant le massacre d’une famille décimée avec une sauvagerie insoutenablemontrant des enfants au crâne enfoncé par les chabiha.
En passant outre les recommandations d’une amie, qui a estimé qu’en tant que symbole de la résistante alaouite, elle devait veiller à ne pas avoir de comportements inconvenants, Suleiman a écrit sur sa page Facebook : “Je ne suis ni alaouite ni sunnite. Et surtout pas une idole. Le peuple syrien ne veut pas d’idoles. Oui, j’ai un petit copain, comme tout le monde. Certes, je jeûne et je fais la prière, mais je le fais à ma manière. Et il m’arrive de boire un verre de vin de la production de mon grand-père : je bois à la victoire.”
Fadwa est extraordinairement brave dans le conflit syrien.
Ça pourrait bien lui coûter la vie.
Morte ou vivante, voilà une femme outrageusment courageuse.
On l'appelle la Passionnara de Homs.
Chez Al-Assad on l'appelle la femme à abattre.