à propos de la promesse faite par N. Sarkozy d'accorder la citoyenneté française à toute femme martyrisée dans le monde

(photo Reuters, Philippe Wojazer) Décidément, je crois qu'il est temps que la campagne se termine ! C'est vendredi soir, à l'occasion d'un discours aux femmes prononcé à la Maison de la Mutualité en présence de Simone Veil, que N. Sarkozy a proposé d'accorder la citoyenneté française à toute femme martyrisée dans le monde. "Chère Simone Veil, a-t-il dit précisément, si je suis élu président de la République je serai fidèle au combat qui a été le vôtre pour les femmes françaises en portant dans le monde une parole forte de la France. Chaque fois qu'une femme sera martyrisée dans le monde cette femme devra être reconnue comme citoyenne française et la France sera à ses côtés. Il faut mettre les droits de l'homme au service des droits de la femme dans le monde."

En apparence, la proposition est certes généreuse, mais elle est évidemment complètement irréaliste étant donné, malheureusement, le nombre de ces femmes martyrisées, et également en complète contradiction avec la politique menée par le ministre de l'intérieur depuis 5 ans. On ne peut pas à la fois refuser toute forme d'immigration massive, vouloir une "immigration choisie", et promettre d'accueillir toutes les femmes maltraitées du monde.

D'ailleurs, on aurait envie de dire, à ce compte-là, et pourquoi pas les enfants, et pourquoi pas les hommes ? On ferait mieux aussi de se préoccuper déjà des femmes qui sont maltraitées dans notre propre pays. J'ajouterai également, que ce n'est pas en accueillant toute la misère humaine, que la France fera reculer la maltraitance envers les femmes dans le monde, car cela n'incitera en rien les pays qui pratiquent ces maltraitances à changer ; en substance le message est le suivant : femmes maltraitées dans votre pays, ne vous en faites pas, la France devient votre nouvelle patrie. En tentant de remédier aux conséquences de la maltraitance des femmes sans en traiter les causes, la France finalement ne ferait que participer au système, en rendant un peu moins douloureux, ou un peu plus acceptable, l'inacceptable.

Donc oui, il est temps que la campagne finisse, car il n'est plus la peine d'attendre vraiment des candidats des propositions réelles ; le débat de fond est terminé, chacun ne pense plus que stratégie et pêche aux voix. N. Sarkozy a évidemment voulu faire plaisir à Simone Veil, mais ce genre de proposition lui nuit plus qu'elle ne renforce sa position : une telle promesse agace son électorat sans être susceptible de ramener de nouvelle voix, car s'il croyait tellement à cette idée, ce que je ne saurais croire, que ne l'appliquait-il plus tôt ! On ne saurait trop recommander aux différents candidats de garder leurs nerfs et d'éviter toute forme de démagogie, sans quoi ils risquent fort d'être déçus du résultat.