C’en est terminé des fashion weeks homme pour l’été prochain, avec Paris pour clôturer tout cela (comme d’habitude).
Confirme-t-on les tendances de Milan ? Y-a-t’il des surprises ? Détails…
Viktor & Rolf
Viktor & Rolf
Viktor & Rolf
Au pays des vaches sacrées.
Oui, c’est l’Inde qui a inspiré le duo de créateurs pour l’été prochain, et autant dire que le résultat est plutôt plaisant. L’argile est la couleur marquante de la collection, mais on note aussi la présence de jolis beiges clairs, de nuances de gris, de blancs, de roses saumon et de bleus marine.
Cependant peu de risques d’indigestion, puisque les pastels sont très nombreux, à l’inverse de l’argile qui est assez tranchée. Au niveau des matières, tout cela parait bien léger et aérien, même les pulls dont la maille fine frôle la transparence…Les plus belles pièces de la collections font la part belle aux incrustations métalliques : certaines vestes de costumes, chemises et pantalons sont parés de “clous”, sans relief pour s’intégrer et coller au mieux au vêtement. Ca, c’est pour la version light, pour ceux qui préfèrent que le métal se fasse plus massif, il y a un short, un manteau et quelques encolures de vestes qui sont intégralement incrustés d’espèces de fils métallisé.
C’est plutôt réussi, et à défaut d’aimer, tout le monde peut apprécier le travail très approfondi de ces pièces. Enfin, dernier élément marquant en écho au thème du voyage indien : les chemises habillées imitent une tunique, et surtout le pantalon de costume prend la forme d’un jodhpur.
Tout cela est cohérent, rafraichissant et très chic.
Viktor & Rolf
Lanvin
Lanvin
Lanvin
Ah ! Un podium surélevé… Bah oui, Albert a dit qu’il est temps “d’élever la mode”. Voyons cela !
Comme toujours chez Lanvin, c’est black & white, avec un peu de gris pour les couleur : l’uni domine, c’est le sempiternel minimalisme « Elbazien ». Tout est affaire de volumes dans cette collection : les pantalons (taille haute, à plis ou coupe jean) et les chemises sont soit plutôt près du corps, soit carrément oversize. Les shorts sont, comme partout, très courts et généralement très foncés.
Concernant les textures, je ne tiendrai pas le suspense plus longtemps : les matières métallisées sont là, bien qu’elles se fassent discrètes à l’échelle de l’ensemble du défilé. Le vrai travail, la vraie spécificité de Lanvin pour l’ét&eacu! te; prochain réside dans l’alliage des tissus et cuirs utilisés : en ton sur ton, une chemise de coton arbore de superbes applications de bandes en cuir de python. Ces applications se retrouvent aussi sur une veste longue en tissus “technique” (genre nylon) transparent. C’est la première fois que l’on voit ce type d’association, encore plus marquant sur un manteau tout en cuir reptilien, mais doublé à l’intérieur d’un tissu coton gris, qui fait aussi office de col. Pour les chaussures, prépondérance des sandales sport à lanière de cuir que l’on voit un peu partout maintenant…
Retenez donc de cette collection que malgré la sobriété du style Lanvin très marquée sur les costumes, les détails de certaines pièces révèlent une sophistication et des assemblages jusque là inédits : c’est sans doute ça “élever la mode” selon Albert Elbaz.
Lanvin
Lanvin
Dior Homme
Dior Homme
Comment vous dire…je n’ai jamais porté Dior Homme dans mon cœur, et cette collection n’a pas failli à la déception ressentie chaque saison à la vision des “créations” de la maison. Osé-je ??
Allez, n’ayons pas peur des mots : c’est juste rasoir à mourir, pour rester correct. D’accord, les codes de la maisons sont guidés par un sens fin du minimalisme, d’accord il n’y a pas besoins d’imprimés pour être original, d’accord, enfin, de belles matières font avant tout le “beau” du vêtement…Mais là nous allons trop loin dans l’immobilisme créatif.
L’austérité stylistique de Van Assche se teinte d’un bleu nuit intense, ponctué de quelques gris et noirs, ainsi que de chemises rouges. Vous retrouverez donc sans surprise des costumes à foison, la plupart affichant une veste et un pantalon en coupe droite apparemment confortables, c’est toujours ça… Comme à Milan, les manches disparaissent ici aussi des blazers à doubles boutonnages. La seule petite originalité du défilé se fait en 2 temps : d’abord, des surpiqures claires ou ton sur ton appliquées à des cols et à quelques vestes apportent un peu de structure et de “motifs”.
Ensuite, plusieurs trenchs et vestes décontractées sont parsemés d’un très fin tissu transparent qui a le mérite d’amener la légèreté attendue pour un été. Enfin, summum du manque d’originalité de la collection : des pulls marinière rouges et bleus, dont j’ai aperçu les copies CONFORMES l’hiver 2010 dans les rayons d’un magasin Esprit. Ca va loin…
Dior Homme
Pour conclure sur ce défilé, je tiens à affirmer que cet avis sur Dior Homme n’engage que moi. Loin de ma pensée l’idée de céder aux sirènes du lynchage facile : je ne fais que constater la répétition perpétuelle des mêmes silhouettes bien trop fades.
Mais le plus frustrant, c’est de voir l’énorme fossé entre la création et la sophistication côté femme. La plupart des grandes maisons ont su petit à petit ramener le niveau des lignes hommes à celui des lignes femmes, généralement privilégiées dans la création artistique. Il est évident que les codes de la mode femme ne sont pas les mêmes que ceux de la mode homme, mais chez Gucci, chez Versace, chez Lanvin (etc), on a la possibilité d’aller avec sa copine faire des emplettes dont on ressortira bien assortis dans la sophistication et la qualité…moyennant salaire de footballeur bien sûr.
Dior Homme
Givenchy
Givenchy
Givenchy
Euh…un conseil, mettez vous dans l’ambiance : écoutez la musique du show (Grimes – My sister says the saddest things), respirez les odeurs de l’encens et de la fleur de lys qui se mélangent – pas trop longtemps ca serait dangereux – et prions mes frères. Tisci pousse la mystification à l’extrême, guidé par une puissance divine surréaliste qui ferait taire le plus anarchiste des infidèles de ce bas monde…
Deux éléments clés. Le premier, c’est la robe de l’enfant de cœur qui habille les gars reconvertis en prêtres punk percés entre les deux yeux. Le second, c’est la présence répétée d’imprimés massifs à l’effigie d’un visage biblique, parfois dans un style art abstrait, qui seront sur les dernières pièces seulement suggérés en nuances sur des ensembles ton crème, donnant l’impression de se trouver face au Saint Suaire de Turin.
Givenchy
Nous aurons l’été prochain une multitude de « jupes » et tabliers descendants jusqu’au genou, toujours unis, dans des matières rigides ou carrément volatiles et transparentes. De nombreux tops sans manches, amples à cols ras du cou avec le fameux imprimé en élément central ont été taillés dans différentes matières (synthétiques ou naturelles), et sont toujours portés avec un pantalon slim. La même coupe « oversize » est conservée pour des t-shirts et des pulls à manches courtes ou longues, certains à l’aspect brillant caractéristique de la soie, d’autre dans des mailles plus épaisses en nuances de prunes et de noir.
Les étoiles, marque de fabrique Givenchy, sont présentes notamment sur une veste bombers noire à l’impression divine, sous laquelle une chemise – noire – reprend le même imprimé, donnant une perspective très intéressante à ce look. Les « stars » se voient également sur les auréoles de tous les personnages religieux.
Enfin, des pièces plus classiques sont aussi à l’honneur : vestes de costume et chemises à col fin noir, blazers longs ou courts sans manches, jupes droites et rigides, et enfin toute une série de bon vieux costards intégralement blancs, noirs, ou rose pale.
Beaucoup de choses, donc, pour cette collection…personnellement, si d’habitude je n’adhère pas du tout à la jupe pour homme ni même à ce style assez torturé, le défilé m’a « foutu une claque » si vous me permettez l’expression. Tout est cohérent, très puissant, très fort, on joue sur l’intensité et sur le mystère qui imprègne les figures religieuses, et c’est à la perfection que Tisci a su rester fidèle aux codes de la maison, tout en sachant créer la surprise. Bravo.
Givenchy
Louis Vuitton
Louis Vuitton
La mer, le marin, le skipper. Si si, on parle bien du défilé Vuitton : Kim Jones a choisi de mettre à l’honneur la Louis Vuitton Cup, qui fête cette année ses 30 ans. Si vous n’êtes pas fan de régates et autre courses sur les flots et bien…tant pis, et bon courage car cette collection ne jure que par cela ! On commence doucement avec un costume à double rangée de boutons assez luxueux, dans les tons bleu marine. Mais le designer décide vite d’envoyer ses gars en week end au bord de la mer. Donc là, tout le monde sort les pantalons « loose fit » en toile anthracite, bleu marine ou blanc, les vestes décontractées et… THE veste à capuche tout en alligator teinté noir.
Mais si vous savez, celle que vous prenez de temps en temps à la place de votre sweat à capuche préféré, quand vous voulez vous sentir à l’aise…et qui coûte plusieurs milliers d’euros. Avec ça, un peu de grosse maille à porter avec un chino blanc, et l’indispensable combi short-t-shirt ultra près du corps au cas où l’envie d’explorer les fonds marins se ferait trop forte.
Louis Vuitton
Enfin, mister Jones décide qu’un tour du monde à la voile s’impose : c’est là qu’aparaissent les manteaux, les hauts et les shorts en tissus technique aux allures d’imperméables. Les couleurs sont inhibées par ce jaune fluo surnaturel qui se voit aussi sur les sacs à multiples rangements.
Si vos yeux s’en remettent, vous apercevrez des marrons cuivrés, de nombreux anthracites et du noir, sans oublier des chapeaux en toile enduite assortis. Soudainement, l’équipage se pare d’un textile particulier, qui fait penser à du patchwork…escale au Japon !
Cet aspect si particulier renvoie aux tissus « boro » qui signifie « lambeaux déchirés » en japonais, autrefois signe de pauvreté, mais aujourd’hui très convoités. Ce sont des ensembles de vestes et de shorts qui afficheront cet effet de textiles rapiécés de toute part, apportant une authenticité toute particulière après le déluge de tissus techniques.
Le voyage par la mer, l’aventure dans le confort et le luxe : voilà ce qu’a souhaité transmettre la maison Vuitton à travers cette collection. Si beaucoup de pièces ne présentent pas grand intérêt et n’ont qu’un usage limité, le travail et la diversité des matières utilisées restent intéressants.
On saura reconnaître à Kim Jones le don de savoir nous emmener exactement là où il le souhaite à travers ses collections…
Louis Vuitton
Plus furtivement…
Balmain
Balmain : déjà, soulignons que la maison ne prend pas la peine d’organiser un défilé pour sa clientèle masculine… Mais dans ses codes, la marque reste fidèle à elle même : perfectos de cuirs, jeans délavés dans les tons beige, surpiqués pour l’effet « biker », vestes militaires à poches, rigides et assez lumineuses…Quelques pantalons à plis surprennent, de même qu’une veste visiblement entièrement rebrodée pour marquer des formes géométriques assez splendides. La qualité semble, comme toujours, excellente, mais…Déjà vu non ? A vous de juger.
Balenciaga
Balenciaga : petite collection de seulement 21 looks. Pas grand chose de bien fameux, nombreux costumes et longs manteaux à la coupe plutôt large… Là encore quand on voit l’inspiration dont fait preuve Ghesquière pour les femmes, on peut regretter de devoir se contenter de vulgaires pantalons à plis et costumes dont les couleurs parfois vives ne font pas oublier le classicisme barbant.
Un bon point pour les chaussures, à la découpe asymétrique très originale.
Hermès
Hermès : beau et subtil, mais pas de quoi se faire remarquer à première vue. Il faut rentrer dans les détails et regarder de plus près pour voir des tissus high-tech, dont la base est une toile.
Un tshirt en alligator et mousseline de soie frappe, le bleu de Prusse, les verts acidulés et le cédrat interpellent, la légèreté et la précision séduisent. Sans en faire des tonnes, Véronique Nichanian assure sans faillir la réputation d’une des plus grandes maison de luxe du monde.
John Galliano
John Galliano : malgré le départ forcé du designer, l’esprit carrément barré du britannique reste très présent cette saison encore. Les amateurs de « too much » vont se faire plaisir : beaucoup d’imprimés multicolores, de jolis bleus ciels et rouges…et surtout…un homard géant en plastique rouge brillant à porter sur le torse nu. On comprendra tous que c’est un élément indispensable pour aller draguer la damoiselle sur la plage cet été, et pour révéler notre goût prononcé pour le raffinement et l’élégance.
Kenzo
Kenzo : bienvenue dans la jungle, nous sommes heureux de vous accueillir pour ce safari. Vous trouverez dans vos valises de nombreuses vestes multipoches claires et colorées ainsi que des pantalons de toile très confortables. Des shorts seront également mis à votre disposition, que vous voudrez bien porter avec les sandales à lanières de cuir verni et chaussettes fournies.
Enfin, si vous souhaitez vous fondre dans le décor, nous nous ferons un plaisir de vous proposer divers tops et pantalons en imprimés léopard et paons colorés. Merci d’avoir choisi Kenzo, et bon voyage.
Thierry Mugler
Mugler : le retour de la marque continue de se faire fracassant. Les shorts sont carrément minis, les chemises et les hauts sont composés de pièces géométriques superposées, laissant pour la plupart apparaître de nombreux bouts de torse, les matières mates à brillantes se font remarquer. Blanc aveuglant, noir satiné, rouge bien pétant : on aime ou on déteste, mais difficile de rester indifférent à ces propositions d’architecture textile.
Paul Smith
Paul Smith : le Sir reste lui-même et nous le montre cette saison, une fois de plus. C’est très coloré dans les tons rouges, bleus noirs et jaunes, c’est bien sûr à la fois décalé et très élégant, comme toujours.
La première ligne de la marque est un vrai régal de fantaisie, et si vous n’osez pas le total look Paul Smith, laissez vous aller à un détail du british qui symbolisera votre raffinement et votre capacité à ne pas trop vous prendre au sérieux.
Rick Owens
Rick Owens : surprise, encore une fois Rick veut tous nous faire porter des jupes et des talons compensés. Les robes de ce qu’il reste des « mecs » les font ressembler à des mendiants venus du futur, avec leurs silhouettes difformes, leurs rapiècements misérables et leurs grosses chaussettes. C’est un style qu’il faut aimer, qui moi me paraît détestable. Ce n’est pas sombre c’est triste, ce n’est pas conceptuel c’est inachevé, ce n’est pas original c’est absurdement féminin.
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