Nicolas Sarkozy exprime sa position sur la bivalence dans le journal "L'agrégation"

Publié le 29 mai 2007 par Jeune Prof De Droite

A l'occasion de la campagne présidentielle, la société des agrégés a fait parvenir un questionnaire aux différents candidats, afin de connaître leurs positions sur l'éducation. Les réponses données par chacun d'eux ont été publiées dans le journal "L'agrégation" des mois d'avril-mai 2007, mais sont également disponibles en ligne sur le site de la société des agrégés. Je vous invite vivement à consulter l'ensemble, car les 17 questions posées permettent de se faire une idée précise des conceptions que se font les candidats du rôle des enseignants et de l'école.

Je remarque tout d'abord que, parmi les trois candidats ayant une chance d'être élus - Sarkozy, Bayrou, Royal - seul Nicolas Sarkozy s'est donné la peine de répondre aux 17 questions. François Bayrou n'a même pas daigné répondre au questionnaire, ce qui, pour un ancien ministre de l'Education Nationale est quand même très regrettable. Quant à Ségolène Royal, elle s'est contentée d'une réponse générale lui permettant d'éviter toutes les questions qui fâchent. Elle invite, à la fin de sa lettre, les membres de la société des agrégés à se référer à son "pacte présidentiel" et à se rendre sur son site désir d'avenir... Je n'ose imaginer madame Royal dans un débat au second tour, renvoyant son contradicteur à son pacte présidentiel et à son site en guise de réponse !

Au-delà de ces remarques d'ordre général mais déjà révélatrices de l'état d'esprit des candidats, je donne à lire ici la position de N. Sarkozy sur le système de la bivalence, car il ne s'était pas encore, à ma connaissance, exprimé sur le sujet.

La 11ème question posée était en effet : "Êtes-vous favorable ou défavorable à l’introduction de la « bivalence » (définie comme le fait d’enseigner une seconde discipline sans avoir subi toutes les épreuves du CAPES correspondant) ?" Voici la réponse du candidat de l'UMP :

"Je ne crois pas qu’il faille condamner la bivalence par principe : il y a des exemples désormais traditionnels de bivalence réussie, comme les lettres classiques ou les couples histoire et géographie, physique et chimie ou sciences économiques et sociales. La bivalence peut avoir des effets favorables à deux conditions. Elle doit être, d’abord, une possibilité laissée à l’appréciation des professeurs qui aimeraient étendre le champ de leur savoir et de leurs compétences professionnelles. Elle doit ensuite être préparée en amont : les étudiants doivent pouvoir suivre pendant leurs études universitaires des enseignements approfondis dans la discipline secondaire qu’ils comptent également enseigner. Je souhaite aussi que les enseignants déjà titulaires qui veulent acquérir une mention complémentaire leur permettant d’être bivalents puissent recevoir une formation continue dans cette discipline, même s’ils l’enseignent déjà.
Si ces deux conditions sont réunies, la bivalence pourra être une opportunité supplémentaire pour les professeurs. Je tiens à souligner que les agrégations d’histoire et de géographie fonctionnent d’ores et déjà sur un principe similaire : les deux concours comportent une épreuve écrite et une épreuve orale portant sur la discipline qui n’est pas l’objet principal du concours. Cela n’ôte rien ni à la difficulté de ces concours, ni à la compétence que montrent les enseignants dans chacune des deux disciplines."

Je considère cette réponse comme rassurante. Ainsi que je l'écrivais dans un précédent commentaire à l'occasion de ma note "bac blanc et grève des profs", "en tant qu'agrégé de lettres classiques, je suis trivalent (français, latin grec) ! Et je ne me considère pas pour autant comme trois fois moins compétent en français qu'un agrégé de lettres modernes. Tout est question d'exigence. Il ne faut pas attribuer les bivalences à la légère, mais en soi elles ne sont pas scandaleuses." La réponse de N. Sarkozy me satisfait, dans la mesure où elle souligne, dans le cadre de l'instauration de la bivalence, la nécessité d'une formation adaptée (inexistante aujourd'hui) aussi bien pour les futurs enseignants, pendant leur cursus universitaire, que pour les enseignants déjà titulaires souhaitant acquérir une mention complémentaire au cours de leur carrière. La bivalence peut présenter des avantages non seulement pour l'administration, mais pour les enseignants eux-mêmes : elle peut être à la fois une forme d'enrichissement et de liberté offerte à tous les enseignants, mais aussi un moyen, par la simplification de la gestion du personnel enseignant, de satisfaire plus facilement aux demandes de mutation des uns et des autres. Mais la mise en place de la bivalence ne pourra être une réussite que si on maintient de hautes exigences dans la formation et le recrutement des enseignants.