Titre original : The Rocker
Note:
Origine : Etats-Unis
Réalisateur : Peter Cattaneo
Distribution : Rainn Wilson, Christina Applegate, Emma Stone, Teddy Geiger, Josh Gad, Jeff Garlin, Jane Lynch, Jason Sudeikis, Bradley Cooper, Will Arnett…
Genre : Comédie
Date de sortie : 7 janvier 2009
Le Pitch :
Voilà 20 ans que Fish a été éjecté du groupe de heavy métal Vesuvius, où il officiait en tant que batteur. Aujourd’hui employé de bureau, Fish cherche un sens à vie, alors que son ancien groupe est devenu l’une des plus grandes sensations rock du monde. Quand A.D.D., le groupe de son neveu cherche un batteur, Fish voit sa chance de rattraper le train du succès et de renouer avec la scène…
La Critique :
Littéralement porté par la performance possédée et « bigger than life » du génial Rainn Wilson (Six feet under, The Office, Super...), The Rocker est un pur film rock and roll, dans la veine d’un Wayne’s World ou d’un Airheads. Du moins, à une chose près. Et cette chose, c’est la musique. En effet, la musique que produit le groupe du film, tient plutôt de la pop pour teenagers accros aux programmations estampillées Mcm et Mtv, que du bon gros heavy métal qui tache. Là où les longs-métrages précédemment cités prenaient littéralement pied dans le microcosme des headbangers (vous savez, ceux qui secouent la tête de haut en bas pendant les concerts de hard), The Rocker place l’un de ces headbangers -figure immature et irresponsable- dans un milieu où prédomine un certain statut social. Un environnement de frustrations où les ardeurs les plus fougueuses sont vite reléguées au second plan et qui va voler en éclat sous les breaks de batterie du protagoniste principal. Le rock sert encore ici de détonateur et c’est tant mieux, d’autant que la chose est relativement bien exploitée. Encore une fois, une grande partie du mérite en revient à Rainn Wilson. Fish, son personnage, est un grand gosse, rattaché à ses rêves de rock et de décadence, qui n’aura de cesse de contaminer son entourage à qui il transmet un état d’esprit et un comportement inhérents à la scène heavy métal. En adoptant une attitude qu’il convient de rapprocher de celle d’un Jack Black, Wilson habite son personnage du début à la fin. Et The Rocker de d’ailleurs partager avec Rock Academy plus d’une ressemblance.
De quoi faire oublier les quelques fautes de goût du long-métrage, notamment celles qui se rattachent directement à la playlist de la bande-originale. A.D.D., le groupe vedette du film produit une musique très pop et très loin des standards qui ont manifestement inspiré le personnage de Fish. Point de heavy à la Mötley Crüe ici, mais plutôt quelque chose de très conventionnel, voire d’insipide. On retrouve aussi de bon gros clichés, notamment dans la composition du groupe. Ainsi, le chanteur/guitariste incarne à lui seul la mélancolie adolescente telle que se la représente l’establishment du divertissement de masse. Beau gosse brun aux yeux tristes, le leader d’A.D.D. traduit dans sa musique son mal-être et ses problèmes, tandis que le clavier tente de noyer ses complexes dans le regard admiratif de ses groupies. La bassiste, incarnée par la toujours très charismatique Emma Stone, n’échappe pas à la règle. Moue boudeuse tout du long et tenues post-néo grunge, cette dernière use à outrance d’un cynisme qui contribue à souligner un peu plus le côté très conventionnel de l’entreprise. Et ce n’est pas forcément mieux si on lorgne du côté de Vesuvius, le super groupe de heavy dont Fish, le héros, fut éjecté. Une formation glam qui permet de retrouver Bradley Cooper, convainquant en ersatz peinturluré de C.C. Deville (du groupe Poison) et qui exagère les traits d’une scène, certes connue pour ses excès, au point de ressembler davantage à une caricature grossière, qu’à une reconstitution fidèle de la réalité. C’est malheureux tant ces groupes, connus pour leur musique mais aussi pour leurs tenues et leur maquillage ultra excentriques, n’encouragent pas une exagération supplémentaire.
Pour autant, ces défauts ne sont pas très importants. Le but n’étant probablement pas de livrer une analyse pertinente de la scène heavy métal américaine, mais plutôt d’offrir aux gags (très réussis) un écrin bourré de clins d’œil. Clins d’œil qui, au passage, s’avèrent plus ou moins pertinents.
Les amoureux de cette musique risquent bien de jubiler, tandis que les autres ne manqueront pas de saluer un humour suffisamment efficace pour ne pas toucher que les initiés.
The Rocker survole son sujet et se concentre sur son rythme. N’importe quel rocker vous le dira : le rythme c’est primordial. Autant en profiter… À conseiller à toute la famille.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Fox Atomic