Moins riche en grosses productions, la période estivale est propice aux découvertes de jeunes talents cherchant à émerger sur les quelques scènes parisiennes encore en activité. Pour notre part, nous avons eu le plaisir d'assister à la première d'une comédie sans prétention mais délicieusement barrée et gentiment trash qui, gageons-le, redonnera le sourire à ceux qui passent leurs vacances dans la capitale. Cela s'appelle "Y'a de l'otage dans l'air", et c'est à la Comédie des Trois Bornes.
Cyrielle, fêtarde enceinte portée sur la boisson, vit en colocation avec son ami Alex, avocat débutant aux méthodes pour le moins déconcertantes (il plaide le crime passionnel pour un ado ayant lacéré le visage de son professeur au compas). Un matin, leur quotidien teinté d'une sympathique folie douce va basculer dans le cauchemar total lorsqu'Yvan, frère d'Alex, comédien raté à l'intelligence (très) limitée, débarque en panique poursuivi par la police après avoir tué par accident sa future belle-mère. Pour le sortir de cette situation, tous trois vont alors imaginer une improbable prise d'otage aux rebondissements déjantés et souvent hilarants...
Passée une exposition un peu longuette, presque trop sage, la pièce écrite, en partie interprétée, et mise en scène au cordeau par Franck Duarte prend son envol grâce à des situations originales savoureuses, un humour souvent décapant, un rythme soutenu et des comédiens tenant parfaitement leurs personnages. Aux côtés de l'auteur qui s'est attribué le rôle d'Alex, la pétulante Alix Valroff nous a conquis. L'insouciance et l'inconscience qu'elle a su insuffler à sa Cyrielle sonnent juste et font mouche. Pierre-Louis Jozan, quant à lui, joue si bien les bas-de-plafond que c'en est presque inquiétant... Il est cause de jolis fous rires durant cette petite heure de représentation.
Alors nonobstant une ou deux facilités et un travail qui gagnerait, à tous les niveaux (écriture, jeu, mise en scène), à lâcher la bride, à fuir un certain réalisme pour partir davantage dans l'absurde et l'excès, quitte à assumer un humour plus clivant , nous ne pouvons que vous encourager à vous rendre dans ce minuscule théâtre du 11ème ("climatisé" ! comme on disait du temps de feu Jean Lefèvre...) pour une soirée globalement réussie en compagnie d'un beau trio de bras cassés.
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Photo : Edouard Mutez