Magazine Santé

Meibomite : l'enfer oculaire.

Publié le 08 juillet 2012 par Livmarlene

Meibomite : l'enfer oculaire.
Beaucoup de gens vivent un cauchemar sans trouver de réponse. Leur mal, considéré comme bénin, n'en est pas moins un véritable harcèlement moral, qui mine jour après jour la confiance en soi. Maintenant que le temps a donné raison à mon dernier ophtalmo, je m'en vais vous raconter mes neuf mois de patience forcée, de larmes retenues et d'angoisse au moment d'aller de me coucher, en espérant que cela éclairera un peu le chemin de ceux qui traversent la même épreuve. Une conjonctivite, c'est une affection courante, en général, un traitement de quelques jours avec un collyre adapté suffit à la faire disparaître. Seulement voilà, quand la cause n'est pas identifiée, pas moyen de l'empêcher de revenir et de revenir... et de revenir. Alors en désespoir de cause, on essaie toutes sortes de produits suggérés par les pharmaciens. Essayez donc cette crème apaisante. Généralement des pommades et des eaux florales, mais aussi parfois des compléments alimentaires sensés améliorer la vision ou encore des collyres antiallergiques accessibles sans ordonnance, "des fois que". C'est ainsi qu'avec une rapidité fulgurante, les oedèmes de mes paupières ont changé de forme et de rythme d'expression, si je peux parler ainsi. Et une fois en place, rien n'a plus pu enrayer le mécanisme, qui s'est intensifié au cours des semaines qui ont suivi son apparition. Symptomes. Au lieu d'avoir les paupières gonflées en permanence, j'ai constaté que mes oedèmes étaient massifs le matin au réveil, pour diminuer légèrement et très progressivement au cours de la journée. Les bons jours, j'arrivais le soir à avoir un regard quasiment normal. C'était alors l'heure de se coucher. La peur au ventre à l'idée du reflet que le miroir allait me renvoyer le lendemain matin. Invariablement, c'étaient des oedèmes, accentués au dessus du coin interne de l'oeil (ce que j'ai fini par appeler des petits œufs et qui étaient bien nets quand je fermais les yeux) et le long de la paupière inférieure. Invariablement aussi, envie de me défenestrer... Médecine usine. Un premier spécialiste (55 €) me diagnostique une conjonctivite allergique, me prescrit un frottis conjonctival et des radios des sinus pour éliminer des causes infectieuses et me file des gouttes de cortisone et un collyre antiallergique, car d'après lui, cela fait bien longtemps que j'en aurais eu besoin vu mes yeux cernés. Un mois plus tard, faute de réel mieux, je demande un nouveau rendez-vous. Réponse : "Le Dr est en vacances pour un mois. Je vous note à son retour ?" Un chouya pressée de ne plus ressembler à un lapin myxomateux, je décide de m'adonner à une activité souvent critiquée mais parfois nécessaire : le nomadisme médical. Un second ophtalmo (23 €, un gentil). Nomadisme forcé. Son diagnostic, guère différent de celui de son confrère, s'accompagnera de la prescription d'un nouveau wagon de cortisone, de gouttes de larmes artificielles et d'un nouvel antiallergique, car comme il me l'explique : "parfois, les patients font des réactions aux adjuvants de certains collyres". Des antiallergiqes allergisants, en voilà une invention géniale de l'industrie pharmaceutique pour assurer la pérennité de ses revenus ! Nouveau mois de traitement scrupuleux mais absolument sans effet. Je commence à fouiner sur internet pour découvrir que je suis loin d'être la seule à souffrir d'un problème de ce genre, devant lequel beaucoup de praticiens sont apparemment relativement impuissants. Au détour d'une conversation avec une pharmacienne lors de mon réapprovisionnement en collyres "des fois que", une autre piste d'investigation m'est suggérée. Et si la cause était mécanique, comme un pincement qui empêcherait la circulation de se faire correctement autour des yeux ? On me conseille d'aller voir un ostéopathe. Ostéopsychopathe. Des fois, on se demande pourquoi on écoute des inconnus (parce qu'on est désespérés, tiens !). La personne que l'on m'a conseillée commence par me faire craquer douloureusement les vertèbres cervicales (d'expérience, je sais qu'il existe des ostéopathes efficaces sans faire preuve de brutalité), ensuite il frotte mes paupières et mes joues au point de me faire mal, jusqu'à finir par m'enfoncer violemment les pouces dans les orbites pendant plusieurs secondes, et ce plusieurs fois. Je paie sans sourciller et une fois hors du cabinet me prend une irrépressible envie de pleurer. Pourquoi je ne lui ai pas foutu ma main dans la gueule ? Pourquoi je n'ai pas hurlé pour qu'il arrête ses manipulations traumatisantes. La vérité, c'est que j'ai été sidérée, comme un chat sur une route qui voit deux gros yeux brillants lui foncer dessus et qui reste immobile. La bonne nouvelle ! Je pourrais continuer à vous décrire mes déboires pendant des pages, les moments de détresse durant lesquels je me retenais de pleurer, de peur de faire enfler mes yeux encore davantage ou encore mes consultations chez une allergologue, "une praticienne énergétique" et chez un homéopathe, digne représentant de ce qu'on appelle la psychologie de comptoir : "Vos oedèmes vous forcent à fermer les yeux, mais quelle est cette vérité que vous ne supportez pas de voir ?" 90 € pour s'entendre débiter de telles conneries. Heureusement un jour, le hasard m'a mise sur le chemin d'un ophtalmo à la vue moins courte que ses confrères. En quelques minutes, il a détecté deux problèmes : un changement de vue qui nécessitait de nouvelles lunettes et de la rééducation, mais surtout une meibomite, une inflammation des petites glandes présentes au bord des paupières. Comme par souci de cohésion confraternelle, il m'a expliqué que cette affection touchait le plus souvent les personnes âgées et que par conséquent, elle ne vient pas forcément à l'esprit d'un médecin lorsqu'il a devant lui un patient jeune. Maintenant, la mauvaise... La meibomite qui se manifeste par un durcissement de la graisse des larme, sensée être liquide pour lubrifier l'oeil, avait été causée par tous les produits et crèmes conseillés par les pharmaciens pour "apaiser les paupières irritées", "dégonfler les paupières congestionnées", "tendre les paupières pour éviter qu'elles ne regonflent la nuit"... En voulant résoudre une conjonctivite récalcitrante, j'avais installé un mal difficile à soigner. Ce qu'on peut lire sur internet au sujet de cette maladie est vrai : le traitement est tout bonnement décourageant. Interdiction d'utiliser un quelconque maquillage ou cosmétique pendant six mois. Et durant la même période, application matin et soir de compresses chaudes sur le bord des paupières pendant plusieurs minutes puis pincement consciencieux et nettoyage au coton-tige du bord des paupières, pour aider au désengorgement des glandes enflammées. Du chaud sur un oedème, tout le contraire de ce que j'avais essayé, toujours sur les conseils de gens qui devraient tourner sept fois leur langue dans leur bouche. Libération. A ce jour, j'ai presque fini mes six mois de singeries palpébrales. Et enfin, je vois un mieux. Les petits œufs du matin diminuent de volume chaque jour. Mais que ça a été difficile et combien de fois j'ai pensé : "Et si ce médecin s'est trompé lui aussi, ce sont encore six mois de perdus." Si vous lisez ce billet, c'est probablement que vous avez des soucis avec vos yeux. Alors que mon expérience vous serve de leçon : - les yeux sont fragiles, ne les agressez pas avec des quantités de produits artificiels. - N'écoutez pas n'importe qui, ou vous allez dépenser beaucoup d'argent et vous désespérer à chaque essai infructueux. - Si l'on vous diagnostique un mal long à soigner, soyez méthodique et tenez bon. Que sont six mois de traitement en comparaison du reste de votre vie, affublé d'un regard que vous ne reconnaissez plus ?

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Livmarlene 158 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines