Cette semaine, le Comité mondial de l’UNESCO réuni à Saint-Pétersbourg pour sa 36e session annuelle a unanimement reconnu le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais comme appartenant au patrimoine mondial de l’humanité.
Le prestigieux label de l’UNESCO, déjà détenu par 37 sites français (Mont Saint Michel, Versailles…), a été reçu par ces mots de Jean-François Caron, Maire de Loos en Gohelle, une ville du Bassin minier : « Tout simplement merci pour votre vote, merci pour tous les mineurs et leurs familles. Cette inscription n’est pas un détail de notre histoire mais notre histoire. Chez nous, les paysages ne sont pas faits de granit rose, de mers limpides, ou de sommets aux neiges éternelles. Chez nous, l’homme a creusé, a extrait, a construit des montagnes. »
Tout est dit. Ce n’est pas un 37e site comme les autres. Ce n’est pas la reconnaissance d’une esthétique paysagère particulière, d’un site qui se caractériserait pas des beautés naturelles uniques. Ce nouveau patrimoine mondial est d’abord un paysage qui porte en lui, du sous-sol jusqu’au cime des terrils, en passant par les briques rouges des maisons, la main de l’homme.
Le bassin minier est ainsi l’héritier de trois siècles (XVIIe au XXe siècle) d’extraction du charbon. Les 120 000 hectares du site sont constitués de 109 biens individuels qui peuvent être des fosses (la plus vieille date de 1850), des chevalements (supportant les ascenseurs), des terrils (dont un qui couvre 90 hectares et dépasse les 140 mètres de haut), des infrastructures de transport de la houille, des gares ferroviaires, des corons et des villages de mineurs comprenant des écoles, des édifices religieux, des équipements collectifs et de santé, des bureaux de compagnies minières, des logements de cadres et châteaux de dirigeants, des hôtels de ville, etc. Le site témoigne de la recherche du modèle de la cité ouvrière, du milieu du XIXe siècle aux années 1960, et illustre une période significative de l’histoire de l’Europe industrielle.
C’est une reconnaissance unique pour un territoire qui souffre, économiquement et socialement, et qui fait preuve d’innovation et de force pour mener son développement. Cette inscription au patrimoine mondial n’est ainsi qu’une des actions entreprises à côté d’autres grands atouts touristiques (Le Louvre à Lens le 4 décembre prochain, le tourisme de mémoire autour des sites de la 1ere guerre mondiale…).
Reste à faire vivre cette inscription, à la faire partager avec le plus grand nombre, à faire du Nord – Pas de Calais, géographiquement placé à l’opposé de l’azur méditerranéen, une destination touristique originale et attirante. L’UNESCO fait un premier pas important en reconnaissant ce territoire comme digne d’intérêt. Comme l’a dit Jean-François Caron devant le comité de sélection des sites “l’idée même que l’histoire des mineurs vaut celle des rois change tout”.