A Stockholm en l’été 2002, un orage électrique fait se relever les morts, décédés depuis moins de deux mois. Devant cet évènement inimaginable les autorités et les particuliers ne savent quelle attitude adopter, chacun réagissant de manière empirique, guidé par son instinct. Les premières observations montrent qu’en présence de ces « revivants », selon la terminologie officielle, les pensées des vivants se propagent par télépathie créant des situations embarrassantes et stressantes.
A travers le portrait de quelques personnages, l’auteur va nous entraîner dans une histoire qui durera cinq jours, du 13 au 17 août. Il y a Gustav Mahler, journaliste à la retraite et père d’Anna qui vient de perdre Elias, son fils de huit ans ; Elvy, grand-mère de Flora une adolescente branchée punk/gothique, toutes deux ont une sensibilité hyper développée, comme un sixième sens, « à une autre époque, elles auraient peut-être été shamans ». David, veuf depuis le décès d’Eva dans un accident de voiture, et son jeune fils Magnus.
Reprendre contact avec ses chers disparus n’est pas chose aisée, on s’en doute. Si Gustav Mahler décide de cacher le petit Elias, Anna sa mère n’est pas aussi chaude, quant à David éperdu d’amour pour sa femme Eva, il ne sait pas très bien comment gérerla situation. EnfinElvy, touchée par la grâce ou hallucination, elle se persuade d’être à la veille de la fin du monde et de la Résurrection, comme il est dit dans les Saintes Ecritures, « la Vierge Marie,la Sainte Mère de Dieu, m’a déclaré en personne que je devais mener les gens à elle ».
Si John Ajvide Lindqvist ne nous épargne pas quelques descriptions assez gore et assez réalistes de ces cadavres revenus au pays des vivants, il ne s’appesantit pas non plus sur cet aspect des choses. Son propos n’est pas d’effrayer le lecteur par des scènes horrifiques, comme nous y ont habitué les films du genre avec zombies affamés de chair humaine et toute le tremblement. C’est d’ailleurs pourquoi ce roman est réussi, car au-delà de l’aspect premier granguignolesque, il y a une réflexion sur la mort.
Interrogations métaphysiques sans qu’on soit dans le roman à thèse, nos rapports avec nos défunts, l’amour et la mort, Eros et Thanatos. Sans oublier aussi des allusions à la situation sociale de la Suède et quelques piques contre ce modèle trop aseptisé pour l’écrivain, « elle ressentait l’envie de hurler et de se débattre quand la tolérance l’enserrait comme une camisole de force » hurle Flora l’un des personnages emblématiques de ce roman. Les résurrections s’apparentent alors, dans une métaphore, à un mouvement rebelle et de révolte.
Je n’ai pas l’habitude de lire des romans de « morts-vivants » mais si j’ai été séduit par cet ouvrage, c’est comme je l’ai dit précédemment, parce que John Ajvide Lindqvist dépasse le genre, pour en faire un ouvrage plus profond et qui touche le lecteur. Emotions et réflexion, un roman qui va vous donner de bons moments de lecture.
« L’impossible s’est produit la nuit dernière. Deux mille Suédois, ayant soit été déclarés morts soit été enterrés, sont revenus à la vie. Il reste à voir comment cela est possible et ce qui va se produire, mais une question fondamentale peut d’ores et déjà être posée : après ça, pouvons-nous considérer la mort comme une fin ? Probablement pas »