Comment l'équipe de Royal tente de manipuler les électeurs indécis

L'équipe qui entoure Ségolène Royal atteint des abîmes de médiocrité. Je vous renvoie à ce site, qui explique aux militants des méthodes plus que douteuses pour convaincre les indécis de voter S. Royal. Je précise que le site en question n'est pas une parodie, puisqu'on peut s'y rendre depuis le site du PS.

On explique ainsi aux militants qu'ils doivent d'abord trier les membres de leur entourage en plusieurs catégories : les gens de gauche "prêts à trahir", les "sympathisants laxistes", les "hésitants", les "défaitistes" ! (si vous n'avez pas encore fait votre choix, voyez dans quelle catégorie vous devez vous situer...) On sent déjà toute l'estime que le militant va porter à la personne à convaincre.

Il faut ensuite adapter la méthode d'approche à la personne concernée. Il y a d'abord le SMS, avec une liste de messages prêts à l'emploi, fondés en partie sur la culpabilisation de l'électeur : "Tu ne vas quand même pas voter à droite ! Pas ça ! Pas toi !"

Mais bon, c'est vrai, un SMS, ça risque d'être un peu léger, alors il faut envisager l'étape 2 : le mail. Le mail modèle proposé sur le site vaut son pesant d'or : "Toi, mon premier instructeur politique, le militant acharné des années 70, le socialiste héréditaire (pour le coup, de ce côté là, les gènes fonctionnent à mon avis), tu ne peux pas voter à droite ! Tout de même... Pas ça, pas toi ! Reviens parmi nous, dans ta famille !
Je t'embrasse,
signature."
Là encore, la méthode est la même : chantage affectif et culpabilisation. Notons en plus le mépris profond pour le vieil électeur de gauche : il ne vote pas à gauche par réflexion, mais par réflexe atavique. Un pigeon pas trop dur à convaincre, donc !

Pourtant, le mail peut lui non plus ne pas suffire. Il faut alors passer à l'étape 3 : le coup de téléphone. Là, on ne sait plus si on est en train de rêver. Le militant doit suivre un guide d'entretien pour persuader l'interlocuteur. Pourquoi ? C'est qu'il y a un risque pour le militant pro-Royal : "Lorsque le proche rappelle, suivez le guide d'entretien sans vous en écarter. Sinon, c'est vous qu'il risque de convaincre ! Un phénomène classique d'inversion maligne." Ainsi, l'entourage de Royal ne se contente pas de prendre les électeurs indécis pour des gogos, il méprise également ses propres militants ! Que signifie en effet cette phrase, sinon : surtout réfléchissez le moins possible, sinon vous risqueriez de basculer dans l'autre camp... Le militant du PS ne doit pas être un militant bien convaincu, pour pouvoir changer d'avis si vite, ou bien alors (et je pencherais plutôt pour cette deuxième solution) l'entourage de Royal doit estimer que le programme du PS n'est pas suffisamment solide pour pouvoir résister à la discussion.

Mais le pire est à venir : l'étape 4, que le site appelle la "botte secrète" : le rendez-vous ! L'idéal est d'inviter le gogo à prendre le thé ou de venir lui rendre visite, comme si de rien n'était. On vous conseille bien sûr de ne pas trop en faire, car cela pourrait paraître suspect (par exemple "proposer de l'aide pour laver la voiture" n'est pas une bonne stratégie) !

Ce qui est très intéressant, c'est le Nota Bene en bas de page : "Quelques grincheux se sont émus des méthodes de la Campagne Perso, en particulier de la visite à domicile. C'est vrai qu'elles peuvent à première vue ressembler à celles employées par des élus peu scrupuleux". D'un seul coup on est rassuré : tout cela est parfaitement moral, il ne faudrait pas confondre nos méthodes citoyennes avec celles de gens sans scrupules qui feraient pression sur les électeurs. Je suis malgré tout heureux qu'il y ait quelques grincheux au PS, ça fait plaisir.

En fait, au départ, le texte était bien pire que celui que vous pouvez consulter actuellement. Je vous renvoie à une capture d'écran plus ancienne (sans trucage, je l'ai reprise sur le blog d'un militant de gauche), où vous retrouvez le texte d'origine : "Comme le temps presse, vous allez sans doute être contraint de lui proposer la botte : la visite à domicile le jour du scrutin et l'accompagnement jusqu'au bureau de vote. Sensible, voire impressionné par votre sens de l'engagement (vous êtes prêt à vous déplacer pour une voix supplémentaire), ému par votre présence dans le bureau de vote (vous ne pouvez hélas vous rendre dans l'isoloir pour effectuer l'indispensable vérification et vous allez sans doute lui demander les bulletins restant par précaution), il votera selon votre prescription".

On ne peut qu'admirer comment l'entourage de S. Royal, par de doux euphémismes, fait l'apologie de la pression physique sur l'électeur pour le contraindre à voter convenablement ! C'est ce qui s'appelle avoir un sens aigu de la démocratie !!!

A moins de 48 heures d'une échéance décisive pour la France, j'invite tous les électeurs indécis à mûrement réfléchir avant de déposer leur bulletin de vote, car le "summum de l'immoralité politique" n'est sans doute pas du côté où l'on croit !