Andorra Ultra Trail; Ronda del Cimes: un abandon raisonnable...

Publié le 07 juillet 2012 par Sylvainbazin
Je suis toujours en Andorre, mais au lieu d'être encore en traind e crapahuter dans les cimes voisines, je suis dans ma chambre d'hôtel, après une journée passée agréablement à discuter avec les amis et à regarder passer les coureurs à différents points de ravitaillement et à l'arrivée. La raison de cette activité sympathique mais peu soutneur sur le plan sportif est très simple: j'ai arrêté la course où j'étais engagé, la Ronda del Cimes, au 70e kilomètre, alors qu'elle en compte 170... un abandon certes, mais qui ne me gêne pas trop sur le plan moral: je savais que cette épreuve était sans doute trop difficile par rapport à l'accumulation tout de même importante de ces derniers mois et qu'aller au bout coûte que coûte ne serait sans doute pas une bonne idée, risquait de compromettre la suite de mon année sportive. Je suis donc finalement assez "satisfait" d'avoir jete l'éponge, même si cela peut paraitre curieux aux oreilles de purs compétiteurs. Il faut dire aussi que les 70 kms que j'ai vécu sur cette Ronda m'ont totalement confirmé la réputation de cette course: ce n'est vraiment pas une mince affaire et je pense que rien que pour aller au bout il faut en faire un objectif majeur de sa saison. Pas vraiment question, même pour moi, d'y aller entre deux défis, pour se balader un peu... Car de ce que j'ai vu (et couru tout de même, enfin marché et escaladé plutôt) du parcours je peux presque affirmer qu'en comparaison de cette Ronda le TOE ou le Tor sont de gentilles balades bucoliques. En effet ici, on ne fait que monter très raide et dégringoler, comme on peut, des pentes tout aussi abruptes. Aucun temps de récupération, les portions planes se résument au sommet des apics rocheux. Bref, du dur, très dur, très pentu, extrêmement technique et ce, sans interruptions. Un paysage tout de roches et de crêtes, quelques névés, le tout dans un environnement très sauvage: pratiquement pas de traversées de villages, de "pauses" un peu plus faciles. J'ai mis 18 heures pour parcourir ces 70 kms et quelques 6000 mètres de dénivelé, ce qui ne m'étais absolument jamais arrivé! Je n'étais certes pas totalement épuisé lorsque j'ai pris la décision d'arrêter, mais je pense que ça valait mieux; pas question, comme sur le TOE l'an passé, de subir pendant 150 kilomètres et de me faire vraiment très mal. Ma forme, malgré l'accumulation, n'est pas si mauvaise alors je vais essayer de la conserver un peu. J'aurai pu continuer et je pense finir mais dans quel état... cela faisait déjà un bon moment que je n'étais plus trop dans la course en plus. J'étais pourtant pas trop mal parti. Les premiers kilomètres en compagnie de Pam, puis dès la première grande pente, un peu plus progressive que les suivantes, je passe un bon moment à papoter avec Irina Malejonock, avant de remonter encore un peu plus le peloton. Je monte efficacement et plutôt vite. Mais bien vite, quelques temps après le premier ravitaillement, je commence à sentir que l'accumulation laisse tout de même des traces et puis aussi que je ne suis sans doute pas assez motivé pour me mettre dans cette siutation mentale particulière qui permet de terminer un énorme ultra trail... cela fait trop, je le sais et le sens. J'ai également encore plus de mal que d'habitude, après mon périple solitaire vers Saint-Jacques et une course en petit comité au Pérou, à me fondre dans l'ambiance du peloton, ses coureurs stressés, ces rythmes différents. Il faudra sans doute que je retravaille cet aspect des choses si je veux encore finir une course de ce type...Je me laisse doucement glisser vers un rythme plus tranquille, en pensant aller ainsi jusqu'à la première "base vie" du parcours au 70e kilomètre. Toutefois, même sur ce mode plus économique, l'effort est réel et exigeant. Nous grimpons des pics vraiment difficiles, sur des terrains très techniques, parfois presque dangereux. Il faut rester vigilant en permanence et c'est tout de même vraiment difficile; si l'on veut admirer les beaux lacs d'altitude et le dessin des cimes, mieux vaut s'arrêter, sinon c'est la chute presque assurée. La fin de mon parcours aura lieu de nuit, ce qui bien sûr ne facilite vraiment pas les choses. Encore plus de vigilance, d'autant plus que la dernière descente est encore plus technique et plus longue que les autres: un passage de corde et de chaîne, puis c'est tout shuss dans les roches et la végétation. Et c'est très long car j'avance, tout comme mes compagnons de route du moment, très lentement. Quelques bonnes glissades plus loin, j'atteins la base vie à 1h du matin et décide de m'arrêter, d'autant plus que la raideur des pentes a bien réveillé ma bursite au talon droit. C'est vraiment plus raisonable. Dans la salle, je retrouve Géraldine, qui m'avait rejoint un peu plus tôt avant le dernier ravitaillement, mais qui a choisi de s'arrêter là également, trouvant le parcours trop difficile pour y envisager une seconde nuit blanche, Irina, qui dort à poing fermés, et Fred, mon copain "népalais", qui lui continue. Je pense d'abord attendre Pam et repartit un bout de chemin avec elle si elle le souhaite, mais un sms m'apprend aussitôt qu'elle a abandonné aussi, un peu plus haut. Nous rentrons juste un peu plus tard en convoi vers Ordino. Aujourd'hui mon talon me fait bien souffrir ce qui me fait dire que ma décision était vraiment la bonne. J'ai pu profiter differemment de l'évènement,de l'accueil andorran, et ce que j'ai encore vu de la course aujourd'hui, en compagnie de Julien (vainqueur du 86 kms) et Floriane Jorro, tel l'abandon d'Uli Calmbach (un dur à cuire pourtant) à 20 kms de l'arrivée et en 3e position, me fait vraiment dire que cette Ronda est hors normes, peut être trop... Quelques jours de repos s'imposent pour moi avant de reprendre une vraie préparation, si si je vais m'entraîner un peu, pour mon grand défi automnal en Himalaya. Allez, je retourne vers la ligne d'arrivée voir un peu les vaillants coureurs de cet Ultra Andorra... qui eux sont encore sur les chemins...