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L’irresponsabilité, maîtresse de tous les maux

Publié le 07 juillet 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

Certains avancent, avec raison, que le problème n’est pas seulement économique et systémique, ce que les technocrates bornés peinent à comprendre, mais aussi moral et que, partant, il ne sert à rien de réformer la face émergée de l’iceberg sans s’attaquer à l’autre, à cette face submergée, à ce fléau subreptice. Cependant leur interrogation ne dépasse que très rarement le stade de l’observation. Constatant la problématique éthique de cette crise, ils se dispensent finalement d’en analyser la nature, considérant qu’une morale auto-normée apparaîtra ex nihilo pour sortir l’Humanité des écueils dans lesquels elle s’est plongée. Malheureusement, la Providence est magnanime mais pas magicienne, et si elle offre la victoire elle ne la produit guère ; dès lors il semble nécessaire d’analyser, au mieux, les présupposés moraux de cette crise pour enfin l’enrayer.

Dans ce sens, il faut remonter quarante ans avant le commencement économique de cette crise, en 1968. En cette année de « joie estudiantine », quelques étudiants de l’Université parisienne décident de mettre à bas « l’ordre Bourgeois », pudibond et maniéré. Parmi leurs slogans, des phrases devenues cultes pour la jeunesse d’aujourd’hui comme « il est interdit d’interdire » ou « sous les pavés, la plage ». Leurs inventeurs ? Des fils (ou filles, pas de sexisme !) de bonne famille, férus d’émancipation sexuelle, étudiants en psychologie, en philosophie, en histoire, en économie… Après l’extase, ils se sont séparés mais les idées sont restées, moins virulentes, plus pernicieuses ; une vingtaine d’année après, ces anciens jeunes chevelus se sont embourgeoisés (ou le sont redevenus), préférant le trois-pièces au « patte d’eph, chemise à fleur ». Néanmoins, ils ont infesté la société de leur libertarisme et ont fait triompher le relativisme moral qui mène inéluctablement à la déchéance par l’irresponsabilité qu’elle produit. Ils sont parvenus à abattre la société bourgeoise pour la remplacer par la société adolescente, idéal de leur jeunesse où règne la concupiscence. Cette société, qu’ils ont fécondée, a amorcé le triomphe de l’irresponsabilité en abhorrant l’ordre (nécessairement fasciste). Déjà institué (mais confiné à un usage très limité) depuis 1975, l’avortement est devenu leur cheval de bataille. Emancipateur, ces « anciens jeunes » ont vu en lui la solution miracle : une sexualité débridée et sans risque est enfin devenue possible. Ils se sont également engagés dans le sens de la contraception anonyme et gratuite (ce que ne prévoyait pas la loi Neuwirth de 1967) pour que les jeunes puissent être enfin libérés de l’immonde tutelle des parents.

Ils ont institué une Eglise nouvelle, paradoxalement nommée Planning Familial et l’ont dotée d’un droit d’entrée dans tous les établissements scolaires de France afin d’offrir le choix d’une sexualité libérée à vos chérubins. Par-là, l’irresponsabilité a enfin triomphé : tout est devenu possible, plus d’interdits !

Participant à ce mouvement, de nouvelles luttes sont apparues comme celle pour l’euthanasie (enfin, pour la mort « dans la dignité »), ou encore celle pour les « droits » des LGBT. Une forme de militantisme pour l’irresponsabilité a enfin éclot, considérant caduques les lois naturelles et canonisant la liberté (dans une acception assez étriquée du terme : le libre choix de l’individu).


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