Lorsque l’on évoque la Thaïlande, il y a des images qui viennent immédiatement à l’esprit : l’or étincellant des temples et de ses statues, le bleu turquoise des plages paradisiaques du sud du pays et les milles couleurs des traditionnels marchés flottants. J’ai longtemps rêvé de découvrir ce rassemblement de longues et étroites embarcations débordantes de fruits et de fleurs de couleurs. Appréhender un marché flottant, c’est se perdre dans un quadrillage de canaux, embarqué sur un sampan et ainsi vivre de l’intérieur cette atmosphère grouillante de vie, de saveurs et de senteurs.
Bien que de plus en plus rares dans la capitale, les marchés flottants sont toujours très populaires dans le pays. Malgré une majorité artificiellement recréée pour les besoins du tourisme, le marché de Damnoen Saduak est réputé pour avoir conservé toute son authenticité et reste aujourd’hui l’un des marchés flottants les plus célèbres de Thaïlande.
Appartenant à la province de Ratchaburi, Damnoen Saduak se situe entre Nakhom Pathom et Samut Songkhram, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Bangkok. Cette petite bourgade, devenue incontournable dans le royaume, grâce à son réseau de khlongs étroits, compte plusieurs marchés flottants disséminés dans différents quartiers, mais la plupart des visiteurs se rendent directement au plus grand, celui de Ton Kem.
Le ballet des pirogues débute dès 6 heures du matin alors que le soleil pointe lentement à l’horizon embellissant les khlongs d’une douce lumière. Embarqués sur cette petite nacelle traditionnelle, nous partons à la découverte de ce festival de couleurs et d’odeurs dont la partition n’a pas changé depuis des temps. Ces rencontres commerciales, essentiellement jouaient par les femmes, ont su conserver des traditions séculaires; elles arborent le costume traditionnel : un chapeau de paille et une chemise ajustée, habit caractéristique de la communauté paysanne.
Je suis surprise par le calme qui règne, au rythme du clapotis de l’eau, les marchandes vendent leurs articles aux chalands à quai ou embarqués. Les sampans surchargés arborent de véritables éventaires pour proposer leurs délicieux produits frais: légumes, fruits, épices et une myriade de produits alimentaires… Certaines femmes, assises en tailleur dans leur barque, semblent aussi à l’aise que dans leur cuisine; elles concoctent sous nos yeux de véritables mets, découpant de petits nems tout juste fris dans la poële et servant une soupe bouillante sortie de la marmite.
Les produits échangés sur les canaux sont directement consommables sur place : quelques fruits frais ici, une sélection de gâteaux sucrés par là et une noix de coco tout juste sabrée en guise de boisson… Pour quelques pièces distribuées ça et là, nous avons peut être dégusté, au fil de l’eau, l’un de nos meilleurs petits déjeuners !
Mais dans ce paysage bigarré, je suis étonnée de ne pas apercevoir de fleurs. Je m’imaginais déjà croiser des barques débordantes de bouquets colorés et pouvoir ainsi humer leurs milles parfums, mais pour une raison que j’ignore les fleurs étaient invisibles ce jour là. Je n’aurais croisé qu’une marchande arborant un solitaire bouquet de roses et quelques guirlandes d’offrandes, parfumés (ô sacrilège) d’une eau de toilette de pacotille qui gâcha ma pauvre découverte olfactive. À la place je me saoule des odeurs alimentaires rencontrées : de l’huile chaude, des vapeurs de riz, l’odeur verte et douce des mangues et des bananes ou encore les notes fraîches et pétillantes des pomelos tout juste épluchés.
Nous déambulerons ainsi une petite heure durant, croisant de nombreuses femmes, toujours tout sourire, qui nous proposent les merveilles qu’elles transportent. Les bateaux vont et viennent ainsi sur les canaux, en s’allégeant, jusqu’à la mi-journée.
Notre visite arrive bientôt à sa fin que déjà les barques croisées ne sont plus si atypiques: des hordes de touristes se bousculant nous entourent désormais. Nous étions prévenus, passée une certaine heure, il est quasi impensable de songer se plonger dans l’ambiance d’un petit marché de province. Les cars de touristes sont présumés arriver dès 9 heures, il est tout juste 8 heures et c’est déjà l’enfer! Il m’est dorénavant impossible de prendre des photos vierges de tout élément intrusif. Nous finirons par nous enfuir précipitamment tant l’ambiance si charmante des premières minutes s’est évaporée pour laisser place à une atmosphère suffocante. La belle Damnoen Saduak est tristement devenu victime de son succès…
CARNET D’ADRESSES
Damnoen Saduak Floating Market - Sukhaphiban I rd, Damnoen Saduak
Le marché fonctionne uniquement en matinée, du lever du soleil à midi. Il se visite à pied, le long des canaux ou embarqué dans un sampan de location (prix à négocier).
Il est vivement conseillé d’être très matinal et d’entamer votre visite dès le lever du soleil, sous peine de ne plus trouver de bateau disponible et d’assister à un triste défilé touristique.
Comment s’y rendre :
Bus 78 au départ du Southern Bus Terminal de Bangkok;
On peut également se lever tôt et louer un taxi directement depuis Bangkok (environ 1000 baht l’aller-retour);
La meilleure formule consiste à passer la nuit dans un hôtel de la ville ou des environs.
Où dormir aux environs de Damnoen Saduak
90 Moo 9 Tambol Ladyai, Amphure Muang
Samutsongkram 75000 (à 11km de Damnoen Saduak)
Tel: +66 034 764555
Perdu dans un petit village de campagne, l’hôtel Jaroenrat Resort est un charmant complexe de maisons traditionnelles thaïlandaises. Situés au bord du Mékong, les Baan Thaï, ces pavillons en bois typiques offrent pas moins de 52 chambres disposées autour d’un joli jardin bien entretenu avec piscine. À partir de 30 euros la nuit.