Opéra en trois actes avec ouverture, intermède et final
[après le jambon persillé et la truite … Le gigot !]
par Chambolle
Deuxième acte : Le gigot d’agneau
Race dégénérée que nous sommes, nos modernes estomacs ne supporteraient plus la profusion de viandes au moyen de quoi nos ancêtres compensaient l’austérité des jours ordinaires. Cernés par les triglycérides, le cholestérol et l’excès de lipides comme jadis Saint Antoine par les démons, nous ne luttons plus contre la disette mais contre la surabondance. J’oublierai donc la volaille sans laquelle, il y a un demi-siècle, il n’était pas de repas de fête digne de ce nom, pour en venir au gigot.
Comme chacun sait, cette tradition nous vient des Hébreux. Il serait trop long d’en redire ici l’origine. Ceux dont la mémoire est défaillante ou dont l’instruction religieuse a été négligée la trouveront dans la Bible au chapitre XII de l’Exode. Ils y apprendront que l’Eternel ordonne expressément à son peuple de ne pas faire bouillir les agneaux sacrifiés en son honneur mais de les rôtir. On en conclura qu’il n’est pas surprenant que, de Pélage à John Fox, les hérésies aient trouvé un terrain si favorable chez les sujets de la perfide Albion: ils ont pour habitude de cuire leurs gigots à l’eau.
(1)Irlandais d’origine puis évêque de Tarente, ce saint, inconnu de Jacques de Voragine et du calendrier des postes doit néanmoins exister puisqu’il a statue, en vis à vis de celle de Saint Vincent, sur la façade de l’église Saint Pierre d’Auxerre à l’intérieur de laquelle il possède aussi une chapelle.
(2)Tout le monde ne possède pas une étuve, mais tout le monde peut entourer le gigot et son plat d’un papier d’argent.
(3)A Auxerre s’adresser Chez Gouvernaire rue de la Draperie (publicité gratuite)
(4) Ce poète, aujourd’hui méconnu s’était fait une spécialité des rimes gastronomiques. Son Ode au cochon « animal roi, cher ange… » mérite le détour du curieux. Ne me demandez pas ce qu’est l’œil du pape, mes recherches ne m’ont pas permis de le découvrir.