TEST | services de photo en ligne
Flickr ou Picasa sont plus sûrs qu’un disque dur pour gérer ses photos
Pour stocker un grand nombre de clichés sur un serveur distant, il faut payer. Mais les services disponibles sur ces plates-formes sont de plus en plus riches
OLIVIER ZILBERTIN
L’idée s’est imposée lentement, prudemment, puis nécessairement. C’est devenu une évidence : nos photos ne pouvaient plus demeurer uniquement empilées dans les entrailles électroniques du disque dur. Trop risqué ! Il faut le savoir, en effet : la mémoire morte a une durée de vie, et les disques durs ne sont pas éternels. Or, depuis que nous avons acquis notre premier appareil numérique, combien avons-nous accumulé de clichés ? Des milliers ! Oui, des milliers. Il faut dire que la disparition de la pellicule nous a donné le déclencheur facile. Et c’est sans compter les images les plus anciennes, les voyages, les mariages, les naissances, les redingotes sépia des ancêtres, autant de souvenirs sur papier glacé qu’il a fallu scanner, retoucher, enregistrer. Au bout du compte, si c’était notre bien le plus précieux ?
Pas question, du coup, de le confier à la surveillance unique d’une mémoire dégradable. Mais autant dire qu’avant de les placer sous l’autorité d’un site Web et de serveurs distants, il a donc fallu que l’idée fasse doucement son chemin. Question de confiance. Il arrive que les URL (les adresses sur Internet) aussi, tout comme les disques durs, s’éteignent. Alors on a hésité, et puis on a retenu deux finalistes.
On a gardé du solide, du costaud, du durable, du garanti sur facture ou presque : Flickr (se prononce « flikeur ») et Picasa. Soit les services de stockages et d’échanges de photo de deux géants du Web, Google, qui a racheté Picasa en 2004, et Yahoo!, propriétaire de Flickr depuis 2005. On aura beau dire, c’est rassurant. Aux moins anxieux, on conseillera d’essayer Joomeo (www.joomeo.com), le concurrent français, avec son arborescence efficace, ses fonctions de partage pratiques, sécurisées et bien pensées, la prise en charge des vidéos en haute définition. Possibilité de démarrer avec une offre gratuite mais limitée, et de monter en gamme, en fonction de la place réservée. A suivre.
Retour vers Flickr (www.flickr.com) et Picasa (picasa.google.fr). En vérité, le face-à-face est d’autant plus tendu que les deux géants proposent deux modes de fonctionnements très différents, deux logiques distinctes. Le premier s’adresse aussi bien aux amateurs qu’aux professionnels, soit au total à quelque 60 millions de photographes. En août 2011, le site a franchi la barre des 6 milliards de photos hébergées.
Flickr, surdoué du partage
La plate-forme pionnière du cloud computing – l’informatique à distance – est exclusivement une application en ligne. Les photos sont conservées sur un serveur distant. Avec un compte gratuit, on ne pourra stocker que 300 Mo (l’équivalent de 200 photos), et il faudra débourser une vingtaine d’euros par an pour accéder à un compte « pro » illimité. Il existe plusieurs moyens d’exporter ses images et vidéos sur le site : par Internet directement, en passant par son téléphone portable, par e-mail, ou par le truchement d’applications photos.
Surtout : Flickr est un surdoué dans le domaine du partage. Que l’on veuille illustrer son site, son blog, sa galerie virtuelle, montrer simplement ses meilleurs clichés à sa famille ou à ses amis, exposer ceux-ci et cacher ceux-là, toutes les options sont disponibles. Y compris, au demeurant, pour partager les prises de vue qui ne sont pas les siennes : Flickr s’appuie sur un outil de recherche puissant, et qui gère les licences « creative commons ». Pour un usage non-commercial, ou pour illustrer un billet de blog, il est ainsi possible de piocher dans l’album des utilisateurs de Flickr en respectant les droits d’auteur.
Avec Picasa, le fonctionnement est différent. Tout peut être stocké sur Internet par le site Picasa Albums Web (picasaweb.google.com), moins complet, moins sophistiqué que Flickr. Avec possibilité, là aussi, d’ouvrir un compte gratuit, pour 1 Go de stockage, et d’acheter de l’espace supplémentaire (exemple : 200 G0 pour environ 7,75 euros par mois). Mais Picasa est avant tout un logiciel de gestion et d’organisation d’images. Les clichés restent stockés, traités, rangés sur les disques durs, puis synchronisés à des fins de sauvegarde et de consultation à distance. Le logiciel est gratuit et particulièrement performant.
Une de ses fonctions les plus spectaculaires est la reconnaissance automatique de visages, qui permet de classer et de retrouver automatiquement les photos par personnages présents sur le cliché. Avec le rachat de Picnik – logiciel de retouche d’images en ligne -, Picasa dispose dorénavant de fonctions de retouches à la fois performantes et simples d’usage. De quoi nous faire hésiter sérieusement. Flickr ou Picasa ? Finalement, on a pris les deux. Avec ses photos, on n’est jamais trop prudent.
(article paru dans Le Monde daté du 22 mai 2012)
Pratique
- FLICKR
Acheté par Yahoo! en 2005.
Compte gratuit : chargement de photos limité à 300 MO par mois (et 30 MO par photo), 2 importations de vidéos par mois (150 MO maximum par vidéo), accès aux images réduites uniquement.
Compte payant : nombre illimité d’importations de photos (50 MO par photo) et de vidéos (500 MO par vidéo), espace de stockage et bande passante illimités. 20 euros/an
- PICASA
picasa.google.fr/intl/fr/
Acheté par Google en 2004
Compte gratuit : 5 GO d’espace de stockage.
Compte payant : plusieurs forfaits de stockage en fonction de l’espace désiré. Exemples : 25 GO pour 2 euros par mois ; 200 GO pour 7,75 euros ; 1 TO pour 38,90 euros par mois et jusqu’à 16 TO pour 622 euros/mois…