Le Parti Pirate est né de l’initiative d’un citoyen suédois: Rickard Falkvinge. Au tout début de 2006 , il a lancé un appel plus ou moins parodique sur internet : « Quand je pense que, nous autres citoyens qui ne demandons qu’à partager le savoir et la culture, les puissants et politiciens de tous poils ne cessent de nous traiter de Pirates ! Eh bien soit : créons notre parti, ce sera le Parti Pirate ! ».
Et c’est ainsi que l’aventure était lancée d’abord en Suède puis rapidement à l’international. La version française, créée quelques mois plus tard, se présente pour la première fois à une élection législative partielle dans les Yvelines en 2009 ; mais c’est lors du dernier scrutin que le Parti Pirate entre réellement dans l’arène politique.
Le PP est rassemblé autour de quelques valeurs fondamentales: la nécessité de protéger les droits et la vie privée des citoyens, la volonté de libérer la culture et la connaissance et la conviction que les monopoles privés sont nuisibles pour la communauté. Programme qui soulève quelques difficultés : certains s’étonnent de ne pas entendre parler de pouvoir d’achat ou d’immigration, d’autres ne parviennent pas à saisir la place fondamentale de ces sujets dans une démocratie à l’heure de l’ubiquité de l’informatique et des réseaux.Ces incompréhensions ont entraîné de gros effort de pédagogie pour le PP, et soulevé un autre espoir : celui de revitaliser la démocratie. Sans même parler des problèmes de représentativité de la classe politique actuelle, les pirates sont préoccupés par l’absence d’expertise(s) au sein de celle-ci concernant nombre de sujets. C’est dans le domaine des nouvelles technologies (en France pour la LCEN, puis Hadopi et enfin LOPPSI ou ACTA) que l’ignorance des gouvernants a été la plus remarquée par ceux à qui l’on reproche injustement de n’être que des « geeks », mais il est évident que de nombreuses autres compétences n’y sont pas maitrisées.
Pourquoi cette uniformité culturelle au sein de l’assemblée ? Peut-être parce que les codes actuels de l’action politique sont aux antipodes de ceux de nombreux milieux socio-professionnels et qu’ils y semblent (parfois malheureusement à juste titre) peu attirants.
Les pirates entendent démontrer à cette audience qu’il est aussi possible de s’engager dans la politique autrement, sans se plier aux traditions pesantes de la politique à la française. Ces législatives ont constitué le baptême du feu pour les Pirates français, après que leurs homologues européens, particulièrement les Suédois et les Allemands, ont remporté des sièges dans diverses structures, de divers conseils municipaux jusqu’au Parlement européen. Objectif affiché : se faire connaître et sensibiliser l’opinion aux idées fondatrices du Parti. Pari réussi avec un nombre de candidat (101, ce qui implique qu’un tiers des adhérents est candidat ou suppléant) permettant la diffusion du clip de campagne sur une chaîne nationale a une heure de grande écoute.
Suite a un démarrage de la campagne sur les chapeaux de roues, les pirates revoient leurs ambitions à la hausse et caressent l’espoir d’obtenir au moins 1% des suffrages pour 50 candidats, ce qui aurait permis d’accéder aux subventions. Malheureusement seuls 24 candidats ont dépassé ce plancher, le Parti Pirate devra donc continuer à ne compter que sur les dons et la générosité de ses membres. La faiblesse des moyens engagés est en en effet à souligner : tous les candidats ont payé sur leur argent personnel les frais de leur campagne. Sur la circonscription de Metz 3, seule circonscription de Lorraine à proposer le vote pirate, le coût de la seule dépense (les bulletins de vote dans les bureaux) s’est élevé à plus de 450 euros.
C’est donc avec fierté que le Parti Pirate peut désormais revendiquer 32 083 électeurs. Au niveau national, le pari initial de mieux faire connaître le parti pirate est gagné puisque le nombre d’adhérents a triplé pendant les législatives, passant de 200 à 600. Cet apport enrichira la réflexion du Parti et c’est avec une certaine impatience qu’un bon nombre débattent intensément sur les mailing-list du parti, en attendant de confronter leurs idées face à face lors de la prochaine assemblée générale.
A l’échelon local, la candidature Pirate en Lorraine a mis en branle la création d’une section locale, pour réunir les Lorrains interessés par ce projet politique (suivez les sur Twitter : @PPLorraine ou sur FaceBook : https://www.facebook.com/PartiPirateLorraine ).
Bien que jeune, cette entité s’est déjà fixé quelques objectifs, de la dissémination de « PirateBoxes » (boîtes autonome créant un réseau WiFi proposant un partage de fichiers) un peu partout au prêt de livre (initiative plus connue sous le nom de « BookCrossing »), en passant par la veille, l’information et la pédagogie. La section locale entend faire parler d’elle dans les mois à venir. Cette apparente défaite aux législatives marquera ainsi le début de l’engagement Pirate en Lorraine. Avec l’espoir d’atteindre en résultats électoraux les sommets de leurs voisins Suédois et Allemand, et en dynamisme celui de leurs voisins alsaciens dont la section locale fonctionne à plein depuis quelques temps déjà.
Edouard Klein