Insultes

Publié le 06 juillet 2012 par Oz

A la seule idée d’écrire certains des mots qui vont suivre et, plus grave, de vous infliger leur lecture, le chroniqueur est rouge de honte. Qu’est-ce qui a bien pu lui prendre de vouloir consacrer son billet quotidien aux insultes ? Il a peut-être trop regardé de football, terrain sur lequel elles fleurissent et s’épanouissent comme nulle part ailleurs.

Ne le blâmez pas trop, et voyez plutôt, si vous le pouvez, le documentaire de Pierre-François Gaudry diffusé mercredi 4 juillet à 22 h 25 sur Canal+, qui explique pourquoi ” L’insulte n’est pas inculte ” (titre dudit documentaire). Vous verrez qu’elle a ses vertus, et qu’elle peut être utile au développement des sociétés et des hommes. On pourrait même dater la naissance de la civilisation du jour où un Homo sapiens inspiré lança à l’un de ses semblables un juron – vraisemblablement ” espèce de fils de primate ! “ - plutôt qu’un gourdin. La diplomatie était née.

Depuis, l’art de l’offense verbale a beaucoup progressé. Car l’autre bon côté des insultes, c’est l’infinie créativité dont savent faire preuve ceux qui aiment à les proférer. Attention, on ne parle pas ici du banal juron qui monte spontanément à la gorge, poussé par une ire subite. Pas plus que du petit blasphème lustré sorti de son étui du bout des lèvres pour l’exercice imposé de ” Bouillon de culture “, et dont l’INA propose ici (http://goo.gl/31857) un florilège.

Non. On évoque le cas de la belle insulte finement ciselée, longuement vieillie en fût et qu’on ne débouche que pour les grandes occasions. Il peut d’ailleurs y en avoir de très gratinées, comme certains d’entre vous qui m’écrivez le savent. Et si toutefois vous veniez à manquer d’inspiration, n’hésitez pas à employer la machine à insultes (http://goo.gl/lQPY5), le générateur d’insultes (http://goo.gl/g1tGz) ou l’Insultatruc virtuel québécois (http://www.ciboire.com/insultes.html). Car, c’est connu, l’insulte de qualité honore tout autant celui qui la profère que celui à qui elle est destinée.

Olivier Zilbertin

 (article publié dans Le Monde daté du 3 juillet 2012)

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