DIIV – Oshin | LP (Captured Tracks)

              DIIV, ladite sensation « dream pop wave » du moment, un peu fadasse et peu ingénieuse à la première écoute, se dévoile pourtant au fil des morceaux. Le sens nous apparaît, ruisselle maintenant très nettement au cœur de cette musique que la voix agrémente parfois. DIIV délivre des torrents de sonorités, fait tinter guitares, boîtes à rythme, et maîtrise plutôt bien la déferlante.

Source née en 2011 du creux de l’esprit de Zachary Cole Smith, ancien guitariste des Beach Fossils, c’est sous le nom de Dive, à l’honneur de Nirvana et pour diverses raisons endogènes (comme le fait que les membres aient des signes astrologiques liés à l’eau), que germent les premières pousses musicales du projet. A présent, Zachary a trouvé acolytes et engouements, et c’est une fraîche bande de quatre américains des environs de Brooklyn qui donne et donneront vie à DIIV afin de laisser Dirk Ivens et son groupe Dive en paix. Si l’idée de pop nous vient aux lèvres, il ne faut néanmoins pas occulter la nervosité rock dans ce son rechignant à se trouver enserré par des définitions stylistiques. La signature de leur premier LP Oshin chez  le label ultra top Captured Tracks  nous donnerait bien quelques signes, nombre de pistes et d’influences : la langueur rêveuse des fameux Beach Fossils, un peu de crasse noirâtre à la Soft Moon… mais arrêtons tout de suite. Plus que jamais, oublions les comparaisons à perte de vue qui ne font pas sens dans cette macédoine de néologismes & baragouinages furieux peuplant leurs excursions musicales. Ils vadrouillent et tissent, une mélodie puis davantage, qui prend forme sur CD. Il devient alors difficile de distinguer, de nommer, chaque titre qui n’existe pas à travers sa singularité mais bien à travers le tout cohérent qu’est Oshin.

Le long de treize morceaux, des motifs se coupent et s’entrecoupent. Souvent, le son s’étire, dans sa longueur et sa résonnance, saupoudré d’une voix donnant âme et profondeur tandis que les instruments personnifiés suivent l’onde patiemment. Comme le parcours d’une mémoire, tout se fait en douceur d’un passé pensé Past Lives au rythme du temps  Sometime, How Long Have You Known; de figures coutumières Wait vers de plus grandes considérations humaines Human. Le flux est philosophique et la sérénité pensive. Ce calme de l’esprit subit bien évidemment vents et marées, des remous qui forment alors un son de caractère comme dans (Druun Pt.II) où des vibrations de guitares donnent leur griffe, crochue, il va sans dire. A chaque instant, chaque nouvel accent, le son part plus haut dans un halo d’optimisme affolant qui te prend, t’enveloppe quarante minutes durant. C’est hanté, torturé mais tourné vers la clarté de jours nouveaux et libérateurs. Et tu te retrouves immergé, dans une orangeade hypnotisante faisant cas de tes non-sens personnels, pour que tu ne deviennes qu’un élément bercé, soulevé par les vagues de l’âme.

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