Un choc, un éclat, le flottement. Il y a en un sens une proximité certaine entre le ressenti d’après-écoute du nouvel album Confess de Twin Shadow, et l’accident de moto qui le fit prendre racine. Le son indescriptible, hétéroclite par un mélange de new-wave, r&b, pop… à l’incroyable clarté nous revient, mais temporisé, moins rêveur et dansant. L’américain George Lewis Jr., qui manœuvre la machine habilement depuis la sortie du premier Forget (2009), donnait depuis quelques temps signe de vie sous forme de bourgeonnements avec des projets et collaborations comme CANT, accompagné de Chris Taylor, membre de Grizzly Bear (qui a d’ailleurs produit le 1er album).
Si tout cela sentait bon la rosée du matin, si Five Seconds, premier extrait de Confess, nous mettait en joie, il en est presque tout autre concernant l’album entier qui, malgré un honorable son neuf (quoique toujours aussi coloré), semble perdre en excitant et gagner en terne pour ne laisser à la voix et au génie de l’homme que bien peu d’instants de gloire et de communion avec la lumière. Lumière qui lui seyait si bien sur Forget. Fort heureusement, il y a toujours ce sens et cette subtilité des mots choisis pour ces confessions qui, à la manière des plus grands, l’ami Rousseau, le bien connu St Augustin, nous donnent les clés d’un esprit. Confess, donc, autoproduit et qui sort chez 4AD/Beggars Group le 9 juillet prochain, nous trimballe à nous en faire perdre la tête.
La lumière dont on parle, « un éclair, puis la nuit », prend sens avec le premier titre Golden Light qui immortalise un instant vécu et interpelle la mémoire. Le ton est haut et ample, sincère. Hélas, le décollage n’aura pas vraiment lieu. Ailleurs, l’émotion, le tact des mots, se trouvent. Run My Heart est progressive et tend viscéralement vers un refrain fort et incarné « This isn’t love, this isn’t love …. » qui éblouit le titre tout entier et fait montre d’un mélange réussi, d’un équilibre bienfaiteur. Car on ne peut nier ce plein de sensations et de frétillements notamment dans Five Seconds, carrément vibrant avec ses synthés, ses incantations répétées et l’allure vive d’une moto qui file.
Attrapés dans les filets et emportés, tapant du pied, un rythme de guitare dessine subrepticement un son « à la Twin Shadow » mais….un son qui se perd dans un flux incolore de tonalités pâles, un son que l’on oublie et qui finira par appartenir à un passé post-choc d’amnésique. Car les épiphanies momentanées feront un si bel effet que les autres instants se dilueront dans un tout constituant cette platitude parfois trop présente. Un ressassement de sentiments sur sentiments appuie ce marasme et nous traîne de force vers une honteuse lassitude : The One, Patient. Bien que l’envie d’aimer ce disque soit forte, même démesurée, le son ne va pas systématiquement droit au cœur et rate, de peu ou de loin, l’embrasement total.
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