Pourquoi la mauvaise foi de Rachida Dati ?

Publié le 06 juillet 2012 par Rsada @SolidShell

Dans un communiqué paru lundi 2 juillet, l’ancienne Garde des Sceaux Rachida Dati taille de bien vilaines croupières à Christiane Taubira qui lui a succédé au Ministère de la Justice.

Visiblement très fâchée de la présence de la nouvelle Ministre au Centre de Détention de Sequedin (Nord) à l’occasion d’un concert de l’Orchestre National de Lille donné devant les détenus, la députée européenne a jugé cette action déplacée vis-à-vis des victimes et des personnels de l’Administration pénitentiaire et, demandé au président de la République un recadrage dans ce sens.

Pour justifier de sa méchante humeur, Rachida Dati attaque violemment les premières orientations évoquées par Christiane Taubira sur la suppression des tribunaux correctionnels pour les mineurs ou sa volonté d’instaurer une Justice dite réparatrice.

Selon l’ancienne ministre, la seule manière de lutter efficacement contre la récidive et d’améliorer les conditions de détention, passe par le développement des aménagements des peines et la construction de nouvelles places de prison. Analyse stupéfiante quant on garde en mémoire les longues tirades contre les peines non exécutées, les problèmes techniques des nouvelles prisons et un reniement permanent de l’idée d’une réinsertion possible et indispensable pour chaque détenu !

En lisant cette information, j’ai cru tout d’abord à un canular du Figaro ! Rapidement confirmée, cette information permettra sans doute à Rachida Dati de décrocher la palme de la mauvaise foi…

A croire l’ancienne Garde des Sceaux, le bilan de l’autorité judiciaire sous la présidence de Nicolas Sarkozy est une pleine réussite. Etonnant quand on se souvient des attaques répétées contre la magistrature, accusée d’être tantôt trop politisée, tantôt trop laxiste. Tout aussi étonnant cette soudaine empathie envers le personnel pénitentiaire qui n’a jamais manqué de manifester son mécontentement devant la faiblesse des moyens accordés aux prisons, à leurs conditions de travail et à la réduction des effectifs.

Il n’est pas inutile non plus de rappeler à Rachida Dati, l’avalanche continue de textes répressifs répondant au fait du jour tout en tournant le dos à la raison. Cet amas a considérablement alourdi le travail des magistrats, rallonger la machine judiciaire avec près de 85.000 peines prononcées mais non exécutées pour cause de surpeuplement de nos prisons ! N’oublions pas non plus, les répercussions désastreuses sur le travail des forces de l’ordre devenues presque incapables de procéder à des interpellations sans risquer de tomber sur une jurisprudence qui anéantisse la procédure en cours.

Que Rachida Dati assume le rôle de porte-flingue de l’opposition c’est son droit le plus légitime, mais qu’elle ose défendre le bilan catastrophique d’une majorité qui n’a eu de cesse pendant 5 ans –et 10 ans au total- de cataloguer les français sur des origines « ethniques », de porter un projet de Loi (avorté) visant à étudier le « gène » de la criminalité chez des enfants en bas âge, de mettre en doute l’impartialité de la Justice ou de refuser une possible réinsertion pour nos détenus, est inacceptable, indigne et d’un ridicule avancé. Il y a des moments où le silence s’impose !

Personne n’est à cette heure en mesure de porter un jugement sur les actions de la nouvelle Garde des Sceaux. Christiane Taubira et le bilan de cette législature seront jugés en leur temps. L’UMP a choisi de pilonner l’élue de Guyane de tous côtés, c’est une preuve évidente de la pauvreté de son discours au lendemain d’une déroute électorale particulièrement prononcé.

A la manière de Friedrich Nietzsche : « Il est plus facile de s’arranger avec sa mauvaise conscience qu’avec sa mauvaise réputation. »