Chaman - Galsan Tschinag

Par Emmyne

Après de nombreuses années passées à sillonner le monde, Galsan Tschinag revient vers son peuple, les Touvas, des nomades du Haut-Altaï au nord de la Mongolie, pour y passer le soir de sa vie. Mais la situation est délicate, ses deux disciples chamans, ainsi que son peuple, ne sont pas d'accord sur le chemin à prendre pour affronter l'avenir. La vie nomade traditionnelle et le XXIe siècle se dressent face à face comme eux géants inconciliables. Pour apaiser les esprits, une caravane est envoyée au Lac Jaune où une colline sacrée doit être consacrée.

- Editions Métailié -

- Traduit de l'allemand par Isabelle Liber -

J'avais lu avec le plaisir de la découverte Ciel Bleu de Galsan Tschinag, récit d'enfance nomade en Mongolie. J'ai l'impression d'avoir lu à présent le premier et le dernier. Chaman est le récit du retour aux racines, à la terre d'origine, aux traditions et aux croyances ancestrales, un retour perçu et reçu comme une mission, celle de se consacrer à cette terre  " dont aucune carte géographique ne rend compte ", à ce peuple Touva, minorité reléguée " au rang d'étrangers dans un pays qu'ils appellent leur patrie ", de l'unifier tout en faisant évoluer ses coutumes face au monde moderne ainsi qu'aux influences des pays frontaliers, de leur politique ( Chine, Russie )

Comme dans Ciel Bleu, Galsan Tschinag écrit un chant, un chant d'amour, celui de la terre Touva, de l'Altaï, entre visions et souvenirs. Il écrit un livre de mémoire, évoquant sa famille, son parcours, son histoire, ce que porte et ( lui ) impose son nom et ses engagements en Mongolie, ses relations difficiles avec l'Etat mongol, les pratiques et le pouvoir chamaniques au sein de la communauté, l'univers des songes et des esprits, son cheminement et son rôle de maître chaman. Par sa voix, nous partons avec lui à la reconquête de cette terre, à la rencontre de son clan, assistons aux rituels, à l'enseignement, aux fêtes, écoutons ses doutes et ses réponses puis nous attardons sur ces mots qui célèbrent autant la beauté des panoramas de montagnes et de steppes que les joies humaines.

Un beau voyage, une belle lecture sur des mots entre lyrisme et réalisme.

" De sa voix encore jeune et bien timbrée, Serwej invoque tous les êtres de l'univers et leur rend grâce et hommage dans des prières en vers qui franchissent l'oreille, pénètrent les paysages intérieurs et viennent toucher l'âme, leur fragile berceau de lumière, mais s'élèvent aussi autour de nous et résonnent - comme les multitudes de gouttes projetées illuminent le jour, mais se fondent aussi en lui. "

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- ovoo : construction sacrée -

- source image : Bourlingueurs ( site de récits de voyage que je vous invite à parcourir afin d'en savoir plus sur les ovoos en particulier - ICI -  et pour une visite de la Mongolie - ICI - )

 Quelques repères biographiques à propos de Galsan Tschinag :

La présentation éditeur :  " Galsan Tschinag est né au début des années 40 du siècle dernier dans une famille de nomades en Mongolie occidentale. Plus jeune fils de la famille, il est devenu chef de clan des Touvas de langue turkmène, une minorité ethnique de Mongolie. Dans les années 60 il a fait des études supérieures à Leipzig et commencé à écrire en allemand des romans, des récits, des poèmes. Depuis 1991, il vit de sa plume, le plus souvent à Oulan-Bator, mais passe aussi plusieurs mois avec son clan dans les montagnes de l'Altaï ou en voyages. "

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En 1985, il conduit une grande caravane ramenant son peuple dans le Haut-Altaï afin qu'il puisse reprendre une vie nomade traditionnelle. Auteur plusieurs fois primé, Galsan Tschinag a écrit une trentaine d'ouvrages dont les récits se situent en Mongolie. Tous ne sont pas traduits en français. Il consacre son énergie ainsi qu'une partie de ses ressources à ses projets et son engagement pour le Haut-Altaï ( comme en témoigne son site ICI - en allemand. Sans être germaniste, il est possible de profiter des images )

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- Le billet de Hélène - Celui de Aifelle -

- Pour les amateurs, l'exposition photographique La Mongolie entre deux ères 1912-1913 au Jardins Albert-Kahn jusqu'au 16 septembre ICI -

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