L'encyclopédie permettrait de mieux comprendre comment fonctionne la propagation d'une actualité, en analysant à la fois les modifications et les contenus de ses pages.
Les dessous de Wikipédia se révèlent une vraie mine d'or pour les chercheurs spécialistes
des comportements collectifs. L’Université de technologies et d'économie de Budapest s'était
ainsi basée récemment sur l'encyclopédie pour étudier la qualité des relations dans le cadre
de sessions de travail collaboratif à distance. Des chercheurs du Centre pour l'intelligence
collective du MIT ont utilisé les mêmes données mais cette fois pour essayer de comprendre
le fonctionnement de l'actualité et les mécanismes menant à l'émergence de l'information.
Le choix des chercheurs s'est posé sur Wikipédia, du fait de la pluralité des données mais
également parce que le site permet de mesurer de manière régulière, à la différence d'autres,
des contenus dynamiques pour contrôler les changements sur le long terme. Ils sont donc
partis du postulat que combiner ces métadonnées à des informations concrètes présentes sur le site permettait de révéler des données culturelles cachées. En découle la création d'un graphe dynamique, pour l'instant toujours en phase alpha de son développement, nommé Wikimaps.
D'une page à une autre
Celui-ci représente graphiquement dans un premier temps les hyperliens qui rattachent une
page Wikipédia à une autre à partir d'un thème précis. Les thèmes choisis pour le moment
par les chercheurs sont la musique classique, les groupes de musique contemporains ou
encore les individus nés dans les années 1980. On retrouve également des personnalités
connues, telles que Justin Bieber, Lady Gaga, Barack Obama ou Dominique Strauss-Kahn.
Et ces regroupements ont ensuite été contrôlés sur la période de janvier 2009 à janvier 2011,
évidemment en fonction de l'augmentation de popularité des individus sur cette période.
Le graphe peut alors être « actionné » via un bouton « play » et montre les changements
de manière dynamique sur la période. Les chercheurs ont également mis à disposition des
personnes intéressées les modifications et ajouts effectués par les différents utilisateurs en
fonction de la date.
L'actualité et la culture
Les scientifiques espèrent pouvoir exploiter ce système pour mieux comprendre comment
fonctionne la diffusion de l'information. Sur le long terme, celui-ci devrait également
permettre des comparaisons dynamiques entre les différentes cultures mondiales. Et cela, tout simplement en introduisant dans le graphe une fonction permettant d'incorporer les pages
Wikipédia des différentes nationalités. Selon les chercheurs, cela permettrait d'analyser non
seulement les cultures mais également l'évolution de celles-ci dans le temps et de s'attarder
sur des différences plus subtiles entre les pays d'une même région. Comme cela pourrait être
le cas entre la Corée, la Chine et le Japon. La recherche permettra enfin de mieux comprendre
les différences historiques entre des pays partageant des langues similaires, comme l'Espagne et les pays d'Amériques Latines.