La Planche des Belles-Filles ! Que voilà un endroit qui fleure bon l’amour dans le pré. Mais ne vous fiez pas aux apparences, car si l’on en croît la légende, il n’a rien de romantique. Au Moyen Âge, les habitants du coin y auraient caché leurs filles pour éviter qu’elles ne tombent aux mains des hordes sauvages et incontrôlées qui sillonnaient la région. D’où cette appellation qui masque une redoutable ascension : la première arrivée au sommet depuis le départ de Liège, si l’on excepte, bien sûr, le final de Seraing et celui de Boulogne-sur-Mer où le jeune Sagan s’est montré irrésistible.
Sur les hauteurs du Territoire de Belfort, il n’est pas certain que le prodige slovaque fasse preuve de la même aisance, car le Tour va évoluer cette fois sur un terrain nettement plus abrupt et à très forts pourcentages, sans doute les plus élevés qu’il ait connu à ce jour !
En fait, c’est là où les choses sérieuses vont véritablement commencer. Finie, la procession quotidienne. Fini, le règne des sprinters. Place désormais aux grimpeurs, pour autant qu’il en reste quelques uns dans le peloton…
Beaucoup vont devoir s’accrocher aux branches pour se hisser jusqu’à la station de ski. C’est le premier grand rendez-vous des favoris du Tour qui peuvent y laisser des plumes ou, au contraire, y forger leur futur succès final. A condition de ne pas se complaire dans un rôle passif, comme on peut le redouter, et d’attendre les derniers hectomètres pour passer à l’offensive. Le terrain de Fränk Schleck, de Valverde ? Et Pierre Rolland, vainqueur à l’Alpe d’Huez il y a un an, tiendra-t-il le choc à la veille de deux étapes tout aussi importantes : Belfort-Porrentruy le lendemain, avec sept Grands Prix de la montagne ! Puis les 38 kilomètres chontre la montre entre Arc-et-Senans et Besançon !
Un week-end chargé et riche en difficultés, notamment dimanche les 92 kilomètres en Ajoie, sur le territoire suisse. Un parcours en montagnes russes, sur des routes étroites, avec des passages délicats et des traversées de petites bourgades médiévales, qui peut réserver quelques surprises. Et en fin d’étape, la rude ascension du col de la Croix, classé en 1ère catégorie (789 m, 3,6 km à 9,7 % de moyenne, avec des passages à 18 %), avec surtout une descente courte mais très technique, à 16 kilomètres de l’arrivée. Un final qui devrait particulièrement inspirer Cadel Evans, venu en repérage avec l’équipe BMC à l’occasion du Tour de Romandie.
Bertrand Duboux