Comme nous vous l’avions précédemment annoncé, WhoTheFuckAreYou est allé laisser trainer ses oreilles du côté des Eurockéennes de Belfort. Un évènement unique où l’on y a laissé toutes nos plumes, et tellement plus encore. Les anciens nous diront que « tout est dans la logistique ». Comme un homme averti en vaut deux, notre festival commence en début d’aprèm par un détour au rayon liquides. De ces cours de physique, WhoTheFuckAreYou a retenu que des trois états de la matière, il préférait le liquide au solide et qu’au final quoi qu’il arrive, il sera dans le gaz. Vous l’avez dans le mille : ce festival sera donc très physique.
Profitons alors de la fraicheur salvatrice de nos blondes sous un soleil de plomb qui annonce la couleur. Un bon marin consulte également toujours la météo avant de partir en expédition. Notre baromètre annonce un sérieux coup de tabac le samedi avec une pression atmosphérique de 1237 hPa et des vents fort Sud Sud-Est.
Pour le reste, on gère.
Une arrivée fulgurante le vendredi avec Gentleman sur la grande scène après quelques notes de la guitare saturée de Hanni El Kathib. Nous sommes en état de plaisir unique, d’une jouissance intemporelle. Le reggae man de Cologne à tout compris aux bases du live riddim session et nous berce doucement sur des mélodies roots jusqu’à Amadou et Mariam à l’Esplanade Green Room. Sahab fait ensuite danser pieds nus dans l’herbe(s) les chevelus du festival avec des rythmes africains endiablés. On mange notre sandwich merguez-mayo devant Hubert-Felix Thiéphaine juste histoire d’être en forme devant C2C. Nous étions alors accompagné de mecs vraiment intransigeants, le genre de mec qui kiffent le Hip Hop hardcore et qui se balladent avec un Posca fait maison pour tagger les Algecos. Ils ont senti dès les premières minutes le pétard mouillé. Le concept de Birdy Nam Nam repris par les nantais est un peu fade face à une foule qui s’attendaient à du lourd. On se satisfera donc de remuer nos épaules tout en discutant avec notre voisine et en essayant de s’imaginer la sensation qu’un piercing entre les deux yeux peut offrir. Nous passons devant The Kooks. Ensuite c’est le point d’orgue de la soirée avec Factory Floor qui nous secoue un peu avant d’aller au lit. Au clair de lune, on est pieds nus sur la plage avec un jeu de lumière que nos pupilles absorbent allègrement. One down, two to go.
Complètement desséchés au soleil, le Perrier rondelle nous veut du bien. Nous arrivons le second jour en ayant repris des forces au coin du barbecue. Et c’est devant Django Django que nous relançons la machine. Notre cœur est partagé entre pastèque fraiche, un punch assaisonné à souhait et les hauts de maillot de bain. Vivement qu’il pleuve ! On arrive comme on conclu la veille, c’est-à-dire sur la plage. Ça nous donne la sensation que la musique ne s’est pas vraiment arrêtée pendant la nuit. Leur musique est imparable et personne ne regrette d’avoir fait le déplacement pour la seconde fois. On attaque ensuite le concept de « La plage à Pedro » édition exclusive des Eurockéennes qui réunit sur notre scène préférée Electric Guest, Kavinsky, Kindness, Busy P, Sebastian et Skream & Benga. Le concept est pas mal et nous avions décidé que se serait l’endroit où nous irions nous ressourcer si les basses ne sont pas assez fortes ailleurs. Il est 20h50 et notre film débute. Un ciel gris très sombre, des éclairs à en faire frémir le plus vaillant d’entre nous tous, une folie furieuse pour une fin du monde sous électro-choc. Ce que nous redoutions arriva : le concert de Kavinsky s’interrompt et la foule se disperse. Nous nous refugions sous notre tente Press, proche de la cellule de crise. Nous avons affûté notre expertise avec la conversation des intermittents qui observaient « là où ils avaient morflés », avec le passage en revue des scènes capable de supporter des vents allant jusqu’à 100 km/h. C’est là qu’on se tape une bonne descente et qu’on réalise que si ça part en vrille, va falloir gérer presque 40 000 mecs bourrés qui courent dans tous les sens en oubliant leurs fondamentaux : « oh gros, vient on va se poser sous un arbre pour rouler, y’a trop d’orage ».Branle bas de combat, tout le monde sur le pont pour sauver la fin de soirée ! Le staff se concentre donc sur la remise en état du système électrique pour assurer la fin même s’il a été décidé d’annulé les quatre derniers concerts de la plage. The Cure commencera donc avec cinquante minutes de retard et les plus téméraires – pas nous, car on était au sec en train de manger des sandwiches au foie gras – auront eu le droit de voir le septième Good Bye Tour d’un groupe mythique. Nous vantions que les Eurockéennes étaient le French Glastonbury, mais nous n’avions pas réalisés que la légende de ce dernier était qu’il y pleuvait depuis le Roi Arthur ! Les mélodies nous donnent envie d’embrasser une complète inconnue sous la pluie en écoutant Friday I’m in Love. Nous retrouvons plus tard les intransigeants qui nous expliquent que pour avoir une histoire dans le hip-hop il ne suffit pas d’avoir été propulsé sur le devant de la scène par Snoop Dogg et de balancer du beat en se contentant d’un « yeah, wowowowowoooo, nin nin nin ». C’était Wiz Khalifa. Le festival retrouve ensuite Justice avec un live que mes collègues de la contre-culture décriront comme « clean / les mecs ont fait le boulot / putain, j’aimerais bien voir la gueule du contrat Marshall » [Justice - Live report @ Halle Tony Garnier]. Two down, one to go.
Notre logistique était calée au millimètre en arrivant pour le dernier jour équipés et montés à bloc. Faut tout donner, afin d’changer les données. Une pensée pour les guerriers du camping qui ont passé la nuit trempée sous leur tente, de la boue jusqu’aux oreilles, complètement épaves sous un déluge qui ne s’arrêtera pas avant 18h le lendemain. C’est l’hécatombe mais nous sommes néanmoins heureux de voir le site dans cet état. L’épaisse couche de boue nous offre la sensation de marché dans du chocolat fondu. Nous allons nous faire un malin plaisir de contempler les plus belles cats fights dans la boue. 1995 imposent leur rythme avec ambition en nous faisant pogoter et jumper et tous autres styles de chorégraphies improvisées. Reggie Watts sera pour nous LA révélation de ce festival (oui, il y en à une tous les ans). C’est l’histoire d’un mec complètement allumé, avec une afro de sept kilomètres de haut et qui, avec une pédale qui fait des loops. Il nous perche avec lui bien haut. Le genre de show qui vous fait déjanter par moments, plus sensuel par d’autres. Esseulé sur son estrade il comble très vite l’espace, pas seulement le sien, mais le notre aussi. « C’est comme s’il englobait la foule dans un marshmallow géant, mais tous et vraiment tout, il englobe même le cool. Le cool, il est dans le marshmallow avec la foule ».
C’est après cette aventure douce et sucrée qu’on retrouve Alabama Shakes à la grande scène. On a bien évidemment prit le soin d’esquiver Lana Del Ray et de faire la sourde oreille en s’approchant de Charlie Winston avant de rejoindre Chinese Man. On est toujours dans le cool. On coupe la poire en deux en allant savourer les derniers accords de Jack White pas seulement pour voir la tête qu’il fait lorsqu’il entendra les espagnols chanter « poooopolopopopooopooo » mais pour voir le monsieur des Whites Stripes et les bombes qui l’accompagnent. Une atmosphère baroque/saturée qu’on aime. Il nous faudra notre dose de hiphop hardcore servie plus tard sur un plateau par Dope D.O.P des Pays-Bas. Nous qui sommes des Rock Superstars absolument Insane in the Brain, nous somme prêts pour un le Hits from the Bong de la clôture. C’est le sprint final, on donne tout.
Comme sous héro, la descente doit se faire très lentement. Elle commence avec le spectacle aérien de clôture de la Compagnie Transe Express vu de notre passerelle, dérobée de la foule, posée sur la fumée du lac ébouillanté et sous les peupliers. Oui, on connait un peu le coin. Nous pouvons clairement annoncer que cette édition 2012 aura été à la hauteur de nos attentes et tellement plus encore. Avouez néanmoins que notre avis est complètement biaisé et que nous serons toujours de mauvaise foi. L’organisation et la programmation (et ce malgré les aléas climatiques) auront été fluides. Nos rencontres étonnantes. Nos sens épanouis.
Three down, zero to go.
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