Paysans de l’eau : Chine , 1932

Une fois n'est pas coutume, je vous propose aujourd'hui un livre de photos.

Et pas n'importe quelles photos : un vrai reportage réalisé en 1932 sur le Grand Canal entre le Sud et le Nord de la Chine, dont l'auteur est un missionnaire jésuite aristocrate, le Père Joseph de Reviers de Mauny, aventureux, qui a passé 8 mois avec les habitants du Grand Canal.

Armé de 3 appareils photos, il a pris sur le vif des milliers de situations, qu'il a soigneusement annotées et classées dans des carnets qui ont dormi lpus de 70 ans avant que Christine Cornet, historienne, sinologue à l’Université Lumière de Lyon, remarque au cours d’une recherche iconographique dans les archives des Œuvres Pontificales Missionnaires à Lyon un fonds de 4000 photos concernant la Chine.

« Le Père Jo », jésuite, embarque à Marseille chargé de son lourd matériel photographique en septembre 1932 avec pour mission de rendre compte de l’activité des missionnaires dans la région du Jiangnan. L’homme est atypique, indépendant, artiste…Arrivé à Shangaï , il emprunte le Grand Canal ,creusé dès le Vème siècle avant notre ère sur plus de 2000 kilomètres , qui relie le Nord au Sud de la Chine. Il va partager pendant huit mois la vie des bateliers et du peuple du Grand Canal et fixera sur ses photos les visages, les gestes et les paysages d’une Chine intemporelle. Il photographie inlassablement et note toutes ses impressions.

Les photos du « Père Jo » sont exceptionnelles, tant par leurs qualités artistiques que par leur teneur en émotion , en humanité sans compter leur richesse au plan ethnologique. Pour ceux qui vivent à Shanghai, cela vous amusera d'y découvrir la construction du canal de Xujiahui, les bateliers de Pudong ou de Qibao (au Sud Ouest de la ville)

Là où on ne trouve aujourd'hui que riches villas, comme à Qingpu par exemple, vivaient il y a moins d'un siècle une population de pêcheurs, dont l'habitat ne se trouvait que sur l'eau.

Paysans de l'eau  est un magnifique album photographique où les images du voyage se déroulent au fil de l’eau. Christine Cornet ne s’arrête pas là, une édition chinoise plus complète se prépare, des projets d’expositions devraient voir le jour et permettre enfin que l’œuvre du Père de Reviers soit mieux connue tant des spécialistes que du grand public.  

Source

• Relié: 250 pages
• Editeur : Actes Sud (2 janvier 2004)
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