1862. Lant Street, Londres. Le rendez-vous des voleurs et des receleurs. Sue Trinder, orpheline, est confiée dès le berceau aux bons soins d'une trafiquante de nourrissons. À la veille de ses dix-huit ans, un élégant, surnommé Gentleman, lui propose d'escroquer une héritière, Maud Lilly. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d'un genre tout particulier. Sue, en entrant au service de la riche jeune fille, tombe avec ingénuité dans un piège. Enveloppée par une atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, elle devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique.
Sarah Waters: Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, elle nous offre une vision clandestine de l'Angleterre, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l'attendrait. Un roman décadent, virtuose, où les ressorts les plus noirs de l'univers romanesque du XIXe se mêlent au réalisme incisif et décomplexé du XXIe siècle.
Née au pays de Galles en 1966, Sarah Waters a été libraire puis enseignante. Depuis la parution de son premier roman, Caresser le Velours (Denoël, 2002), sa notoriété n'a cessé de croître. La publication de Du bout des doigts marque sa consécration. Élue "auteur de l'année» par le Sunday Times, elle reçoit en 2003 le prix des libraires et le British Book Awards.
Mon avis:
C'est exactement un roman comme je les aime: Une fois plongée dans l'histoire, je n'ai plus voulu en sortir. Pendant trois jours, j'ai été Sue, du début à la fin, la pauvre héroïne orpheline à laquelle il arrive bien des aventures, dans cette Angleterre victorienne digne de Dickens qu' une touche d'amours saphiques actualise; mais j'ai été Maud aussi qui ne connaissait le monde que par les lectures érotiques qu'elle faisait à son oncle tout d'abord. Rien n'y manque de ce qu'on peut espérer sur un tel sujet, à Londres dans les années 1860: amour, trahison, corruption, machiavélisme et suspense. On ne peut demander mieux. Un excellent moment de lecture!
Je connais le monde et ses plaisirs aussi bien que les pires débauchés de l'univers romanesque; pourtant je n'ai pas une seule fois franchi les murs du parc de mon oncle depuis qu'il m'a recueillie. Je sais tout sans rien savoir. Ceci sera essentiel pour la suite. Il ne faudra pas oublier tout ce que je ne sais pas faire, tout ce que je n'ai pas vu. Je ne sais ni monter à cheval ni danser. Je n'ai jamais eu entre les mains de l'argent à dépenser. Je n'ai jamais mis les pieds dans un train ou un théâtre, jamais vu ni la mer ni la montagne;Je n'ai jamais vu Londres mais j'ai l'impression de connaître la ville. Elle m'est familière grâce aux livres de mon oncle.Du bout des doigts, Sarah Waters, (Denoël & D'ailleurs, 2003, 750 pages. Titre original: Fingersmith, traduit de l'anglais par Erika Abrams)
Challenge d'Anne: Voisins, voisines, pour l'Angleterre