Le poète parmi les hommes : la descente de l’albatros sur le pont du navire est clairement assimilée à une chute dans le monde des hommes. La synecdoque « planches » (le pont du bateau) renvoie à la fois au monde du théâtre et au monde des hommes. Ce niveau d’existence s’accompagne d’une dégradation systématique et à un jeu d’antithèses : « rois de l’azur / maladroits et honteux », « piteusement / Grandes ailes blanches (...) avirons / Voyageur ailé (...) gauche et veule / (...) Si beau / Comique et laid ». Du vol inimitable du roi ou du prince, on est passé à l’imitation bouffonne de « l’infirme ». Les « hommes d’équipage » mettent en scène ce carnaval improvisé en multipliant les effets grotesques : cette lourdeur et cette vulgarité sont soulignées par des sonorités heurtées (allitérations en « k » ou « g » dans le Q3 : en chiasme au vers 11 : « L’un agace son bec avec un brûle-gueule », par l’usage de mots crus : « brûle-gueule » ou de tournures exclamatives qui font entendre l’agitation des marins (« huées »).
Conclusion : selon Baudelaire, le poète n’est pas à sa place dans la société. Il souffre et n’est pas compris. Il fait partie de ceux qu’on appelle « poètes maudits » dont les thèmes sont jugés scandaleux par de nombreux contemporains. S’il reprend le cliché romantique du poète incompris, il le traite avec une plus grande froideur car, à aucun moment, il n’utilise le « je ». Cette froideur est représentée par une autre tendance de la poésie à cette époque : le Parnasse, à laquelle se rattache Gautier : lire par exemple le poème très proche : « le Pin des landes »