Manifestation de moines (source :
http//zonehimalaya.net)
Ce que pouvait redouter de pire le gouvernement chinois est advenu : à quelques mois des Jeux
Olympiques de Beijing, un vent de révolte contre l'envahisseur se lève à nouveau au Tibet.
Comme dans le cas récent du Myanmar, il se révèle extrêmement difficile d'obtenir des informations fiables, les régimes totalitaires ayant pour déplorable point commun de fermer leur territoire
aux journalistes étrangers et de museler l'internet dès que des mouvements d'ampleur contestent leur autorité et leur légitimité.
Aujourd'hui cependant les dépêches d'agences se succèdent faisant craindre une vague d'arrestations massives et les nations
occidentales commencent enfin de réagir... La Chine déclare "la situation sous contrôle". Quant au nombre de victimes de la répression, c'est l'inconnu. Les media officiels chinois ont évoqué au
début des émeutes une dizaine de commerçants han (chinois) morts dans les incendies de leurs échoppes allumés par les tibétains ! Depuis, silence radio. S'ils ont admis aujourd'hui quelques
manifestants blessés par la police au Sichuan, l'on est certainement loin du compte.
Lhassa quadrillée par la police et l'armée (source : http//zonehimalaya.net)
Les media étrangers tentent de faire leur boulot et relaient ce qu'ils peuvent glaner mais la chape de plomb qui couvre à présent le Tibet interdit toute estimation de l'ampleur de la répression.
Quant à nos gouvernements, ils demeurent bien entendu très frileux sur la question, impératifs commerciaux primant sur toute autre considération. Que fait par exemple, notre groupe parelementaire
sur la question du Tibet, fort quand même de 140 députés, mis à part de rédiger des déclarations générales qui n'ont que peu d'effets sur la politique étrangère de notre pays ?
Je remarque en outre que peu d'analyses de fond sont produites par la presse, en dépit des efforts louables de Libé et du Monde pour informer le lecteur. On relaie certes les
événements similaires à ceux du Tibet survenus au Gansu (notamment au monastère de Labrang) et au Sichuan, mais sans réelle explication sur leurs raisons. Qui sait en effet que le Tibet
historique est bien plus vaste que la province actuelle du même nom ? Il comprenait les territoires du Kham et de l'Amdo, de culture tibétaine, à présent morcelés et intégrés dans ces provinces
du Gansu, du Qinghai et de Sichuan, présentées comme partie intégrante de la "mère patrie". On comprend alors mieux que l'éticelle de la révolte les enflamme elles aussi.
Le Népal, qui accueille plusieurs milliers de réfugiés, se trouve pour sa part en position très délicate pour
"gérer" les manifestations qui se déroulent sur son sol, étant économiquement très dépendant de son puissant voisin. Ainsi a-t-on pu voir récemment à Kathmandu des "conseillers" chinois, venus
sans doute prodiguer d'avisées recommandations aux dirigeants népalais pour étouffer toute velléité de protestation de sa population tibétaine. Ce qui peut paraître anecdotique mais est toutefois
révélateur de la grande parano des dirigeants chinois quant à la bonne tenue de leurs J.O. est l'interdiction faite aux alpinistes de gravir la face nord de l'Everest début mai (la saison la plus
propice) au moment où doit y être hissée la flamme olympique. Encore plus fort, ils ont fait pression sur le Népal pour que ce dernier ne délivre pas de permis pour l'ascension par la voie
népalaise ! De crainte sans doute qu'un "commando" d'alpinistes ne déploient par exemple le drapeau tibétain sur le toit du monde le jour de l'arrivée de la flamme olympique ! Quant à l'attitude
à adopter par rapport aux Jeux (boycott or not boycott), nous en reparlerons...
Pour en revenir au Népal et à sa position ambiguë, ne lui jetons pas trop vite la pierre, relativement à sa situation "intenable". N'oublions pas qu'il a déjà fort à faire avec ses problèmes
internes, sans que cela ne le dédouane de respecter la liberté de manifester des Tibétains qui vivent sur son sol. Balayons auparavant devant la porte de nos nations occidentales (UE, USA...). Le
Népal est devenu depuis décembre une "République fédérale démocratique", des élections libres s'y tiennent en avril, il est l'un des trois pays d'Asie (avec le Cambodge et les Philippines) où la
peine de mort est abolie et la liberté de la presse et d'opinion y est totale.
D'ailleurs, pour conclure sur une note moins sinistre, je vous invite à partager à travers un dessin de presse, un échantillon de l'humour "à la népalaise".
"Arrêtez ! Vous allez vous blesser... Prenez plutôt ce bâton."
Source www.kantipuronline.com
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* Parodie de la devise des Jeux Olympiques sur une banderole déployée par des alpinistes au Camp de base de l'Everest
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