Les taux d’emprunt de l’Italie et de l’Espagne sont remontés en flèche jeudi après une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) qui a ravivé les craintes des investisseurs sur l’état de santé de la zone euro, tout en excluant toute mesure nouvelle d’importance.
Vers 18H00 (16H00 GMT), le rendement espagnol à 10 ans, qui évolue en sens inverse de la demande, grimpait à 6,737% contre 6,375% mercredi à la clôture.
La prime de risque payée par le pays vis-à-vis de l’Allemagne bondissait bien au-delà des 500 points de base, à 529 points de base (5,29 points de pourcentage).
Pour sa part, le rendement italien à 10 ans flirtait avec les 6%, à 5,958% contre 5,755% la veille. Un peu plus tôt, il avait dépassé les 6% pour la première fois depuis le 29 juin.
« Ce qui ne plaît pas trop aux investisseurs, c’est le jugement de la BCE sur l’environnement économique qui se détériore sensiblement », estime Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.
La BCE a baissé de 0,25 point de pourcentage son taux directeur à 0,75%, ce qui était largement anticipé.
Mais, selon le stratégiste, elle est venue rappeler aux marchés les difficultés économiques des pays les plus fragiles de la zone euro, ce qui va compliquer sérieusement leur capacité à réduire leur déficit.
Dans le même temps, elle a balayé les espoirs de nouvelles mesures exceptionnelles.
Les taux d’emprunt de ces pays avaient pourtant bénéficié, depuis vendredi, des avancées actées lors du sommet de Bruxelles, notamment l’utilisation possible des fonds de secours européens pour apaiser les tensions sur le marché obligataire.
« La perception positive du sommet européen a déjà commencé à s’éroder depuis le début de la semaine. La baisse des taux qui avait suivi la réunion européenne est derrière nous », constate M. Jacq.
Pour preuve, Madrid a payé plus cher pour emprunter à dix ans, devant concéder un taux moyen de 6,430% contre 6,044% lors de la dernière émission similaire, le 7 juin.
La Finlande va ouvrir des négociations la semaine prochaine avec l’Espagne sur les garanties qui devront être apportées en échange d’une participation du pays nordique au plan de sauvetage des banques ibériques.
Madrid espère présenter un montant pour cette aide, lundi, lors de la réunion de l’Eurogroupe.
Les pays les plus solides de la zone euro ont profité de la tension sur l’Espagne et l’Italie. Le taux de l’Allemagne baissait fortement à 1,380% contre 1,452% et celui de la France à 2,493% contre 2,534%.
Hors zone euro, le rendement britannique diminuait à 1,660% contre 1,720%.
Aux Etats-Unis, le rendement de l’obligation du Trésor à 10 ans reculait à 1,590% contre 1,629%, tout comme celui à 30 ans à 2,711% contre 2,743% la veille. Le taux à trois mois restait stable à 0,07%.
Les embauches se sont accélérées en juin dans le secteur privé aux Etats-Unis, selon l’enquête mensuelle sur l’emploi publiée par la société de services informatiques ADP.
Le marché interbancaire a profité de la baisse des taux de la BCE. L’Euribor à trois mois a reculé à 0,641% contre 0,645% la veille, et le Libor libellé en dollar est resté stable à 0,460%.