Fréquemment parties prenantes dans les régimes amaigrissants, les protéines alimentaires, présentes majoritairement dans la viande, le poisson, les œufs ou certaines céréales, ont déjà démontré leurs effets « coupe-faim ». Cette équipe de l'Inserm nous explique, dans l'édition du 5 juillet, de la revue Cell, les mécanismes biologiques en chaine provoqués par la digestion des protéines qui contribuent à délivrer au cerveau ce message de satiété, bien après le repas. En particulier, l'identification de récepteurs spécifiques qui participent à ce processus, pourrait permettre d'optimiser la prise en charge des patients obèses ou en surpoids.
La néoglucogenèse délivre le message « coupe-faim » bien après le repas: Le glucose, libéré dans la circulation sanguine, détecté par le système nerveux, envoie un signal « coupe-faim » au cerveau. Plus connue au niveau du foie et des reins pour alimenter les autres organes en sucre, c'est au niveau de l'intestin que la néoglucogenèse délivre un message « coupe-faim » à distance des repas, caractéristique des effets dits « de satiété ». Dans cette étude, les chercheurs ont identifié des récepteurs spécifiques, les récepteurs µ-opioïdes, présents dans le système nerveux de la veine porte, à la sortie de l'intestin. Ces récepteurs sont inhibés par la présence des oligopeptides, produits de la digestion des protéines. Ils décrivent le mécanisme biologique, de la digestion des protéines au message de satiété :
1. les oligopeptides agissent sur les récepteurs µ-opioïdes qui envoient un message vers les zones du cerveau spécialisées.
2. le cerveau envoie un message-retour qui déclenche la néoglucogenèse par l'intestin.
3. la néoglucogenèse délivre le message « coupe-faim » dans les zones du cerveau contrôlant la prise alimentaire, comme l'hypothalamus.
L'identification de ces récepteurs et de leur rôle dans la néoglucogenèse intestinale permet d'envisager de nouvelles pistes thérapeutiques. En effet, en agissant sur ces récepteurs, les scientifiques pourraient parvenir à « contrôler » la sensation de satiété. Une nouvelle piste, donc, dans la prise en charge de l'obésité. Gilles Mithieux, principal auteur l'étude conclut: « Sollicités trop fortement, ces récepteurs peuvent devenir insensibles. Il faudrait donc trouver le meilleur moyen de les activer « modérément », afin de garder leur effet bénéfique à long terme sur le contrôle de la prise alimentaire ».
Source: Communiqué Inserm et Cell 5 juillet 2012 « µ-opioid receptors and dietary protein stimulate a gut-brain neural circuitry limiting food intake”
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