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Denis Lavant: "Je fais confiance à mon ordinateur organique"

Publié le 05 juillet 2012 par Pnordey @latelier

Technos et art du comédien, est-ce bien compatible? La réponse est négative, si on en croit les dires du comédien Denis Lavant (qu'on retrouve d'ailleurs en ce moment dans les salles, avec le très beau Holy Motors de Leos Carax). Ou en tout cas, ce n'est pas nécessaire. Pour L'Atelier Numérique, il a étayé sa théorie, dans un entretien. Extraits.

Venons-en directement au fait : Votre rapport aux nouvelles technologies, est-il existant ou pas du tout ?

Denis LAVANT :Il est pratiquement nul.

Pourquoi ?

Parce que… je n’ai pas forcément de goût pour les moyens de communication modernes qui font aller plus vite,. Que ça soit les moyens de communications physiques et géographiques ou les moyens de communication téléphoniques, de lien.

Je reconnais sans doute que c’est absolument pratique. Mais je me méfie énormément de ces supports-là. En fait, la seule chose que j’ai adoptée récemment, c’est d’avoir une adresse email, dont je me sers occasionnellement. Mais je ne suis pas accro. J’ai un portable aussi, mais des fois, ça me pèse un petit peu. Ca m’encombre.

Et les réseaux sociaux alors, pas du tout ?

Non. Je ne sais même pas ce que c’est.

Facebook ? Twitter ?

Surtout pas, non, je ne peux pas.

Mais vous savez, je suis dans un rapport de vie au quotidien. Je sais que c’est une source d’archives incroyables le net. Je préfère me rendre physiquement sur place.

C’est ma manière, ma déformation de comportement : je préfère aller.

Il y a une chose que j’aime privilégier au quotidien, c’est le hasard. Donc c’est de sortir de chez moi et de dire « peut-être je vais rencontrer quelqu’un, peut-être je ne vais rencontrer personne », d’être disponible à la rencontre, y compris avec des livres.

Je fais énormément confiance à mon ordinateur organique.

Je trouve qu’il est merveilleux parce que c’est un support de mémoire. On perd de vue les possibilités qu’on a de concentration, même de communication.

J’ai eu un smartphone pendant peu de temps, je m’en suis débarrassé parce que ça m’encombrait. Ca m’étouffait. Je commençais presque à avoir un rapport fétichiste avec cet objet. Ca devenait quelque chose de presque malsain, je trouve.

Donc hop, j’ai donné un gros coup de marteau dessus. C’est complètement idiot, ce n’est pas du tout un exemple à suivre.

Mais j’ai eu le temps, en l’espace d’un mois, de me mettre au courant un peu du mode de communication moderne, du langage. Déjà, il y a quelque chose qui me choque énormément dans le langage de l’ordinateur : c’est un langage essentiellement binaire, affirmé ou validé, c’est oui ou non. Et j’aime bien la troisième possibilité.

Par rapport au théâtre, est-ce que vous pensez nouvelle technologie ? Est-ce que c’est quelque chose qui est compatible pour vous avec le théâtre, voire pertinent ?

Et je sais qu’il y a des gens qui en usent. Pour moi, le comédien, sur scène, est déjà tout ça. Avec des moyens très artisanaux, des moyens humains. Il est une sorte de projecteur, de haut-parleur, qui fait entendre du son, produit de l’image, et qui peut donner à voir et entendre sous plein de facettes possibles. Mais ça part d’un corps.


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