Katarina Mazetti (Suède)
Ma lecture:
Et un roman « nordique » de plus. Katarina Mazetti est bien suédoise malgré son nom à consonance plutôt italienne.
Le mec de la tombe d’à côté est l’histoire d’une rencontre (au cimetière, curieux, non ?) entre deux êtres qui n’ont rien mais vraiment rien en commun :
- Elle, Désirée, bibliothécaire, maigrichonne, plutôt aseptisée, amoureuse de la culture et des belles choses comme la poésie, le théâtre, l’opéra.
- Lui, Benny, a repris la ferme familiale, seul, un peu rustre. Il n’a plus que trois doigts à la main gauche, dégage une forte odeur, ne s’intéresse qu’à ses occupations très réglées ou aux progrès des machines agricoles.
L’écriture de Katarina Mazetti est très fraîche, comique, touchante ; elle aborde des sujets pas forcément simple avec beaucoup d’humour :
Les divergences culturelles: difficile de ne pas les lier à la classe sociale dans le cadre de ce roman mais ce n’est pas l’objet du livre et puis, c’est loin, très loin d’être si systématique. Je connais pas mal de personnes, socialement haut placées d’une inculture sans fond et à l’opposé, de simples ouvriers férus de littérature ou de théâtre…
La solitude et ses dérives: la vieille bibliothécaire qui confectionne des dossiers sur toutes ses connaissances, amis, collègues ferait un excellent sujet de psychanalyse.
La vie de couple en général. Il y a plusieurs couples dans ces pages :
- Désirée et son défunt mari, Örjan : le couple fusionnel mais sans folie
- Violette et Bengt-Goran, fermier reconverti: le couple ouvert mais complètement irresponsable
- Martha et Robertino : le couple qui éclate
- Désirée et Benny : le couple improbable
Seul petit défaut à déplorer selon moi ; il y a quelques longueurs dans la deuxième partie juste après leur dispute… Sinon, le final est très « ouvert » et donne envie de se plonger dans la suite : « Le caveau de famille ».
Le début:
"Méfiez-vous de moi ! Seule et déçue, je suis une femme dont la vie sentimentale n’est pas très orthodoxe, de toute évidence. Qui sait ce qui pourrait me passer par la tête à la prochaine lune ? Vous avez quand même lu Stephen King ? Juste là, je suis devant la tombe de mon mari, assise sur un banc de cimetière vert bouteille lustré par des générations de fesses, en train de me monter la tête contre sa dalle funéraire."
Quatrième de couverture:
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis... C'est le début d'une passion dévorante. C'est avec un romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d'amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.
Lu dans le cadre du Challenge des Littératures Nordiques initié par Myuikki.
Éditions Babel (2009) - 253 pages
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