Slaughterhouse
In the Red Records
États-Unis
Note : 8/10
Par Williams Fonseca-Baeta
Il y a trente ans, David Bowie nous invitait dans son tube Let’s Dance à porter notre plus belle paire de souliers rouges et à chasser notre mélancolie sous les projecteurs des discothèques. Depuis, la mode a visiblement changé, mais le message est resté d’actualité. Dans un format plus rock et plus noise, le compositeur américain Ty Segall nous lance la même invitation que l’icône sur Slaughterhouse. Pourtant cette fois-ci, les converses et le vieux cuir sont plutôt de mises.
C’est sans surprise que, depuis son entrée sur la scène en 2008 comme musicien solo, Ty Segall revient fréquemment visiter les bacs de nos disquaires. Le prolifique guitariste et chanteur passe sa vie en studio et participe à de nombreux projets musicaux. Son dernier disque Goodbye Bread n’est pas vieux plus vieux d’un an qu’il nous lance déjà Slaughterhouse, un album pour rockeur accompli. Et il y a à peine quelques mois, c’était en compagnie des White Fence que Ty Segall nous avait offert une autre galette, Hair.
Dans cette foulée de sorties, Slaughterhouse, le tout dernier du musicien américain, est celui qui saura le mieux accrocher vos tympans. Malgré la dureté de son titre, les pièces de cet album ne sont pas d’une violence à tout casser. Oui, le premier morceau commence par un orage de guitare sans queue ni tête, mais c’est pour installer dès les premières notes cette ambiance un peu sale et glauque qui vous fera danser le rock comme des morts-vivants sortis de l’ère grunge. La meilleure façon de décrire cet album serait de le qualifier d’androgyne. Pourquoi androgyne? Et bien parce qu’il est difficile de départir les deux styles totalement contrastés qu’utilisent Ty Segall sur Slaughterhouse. On le remarque surtout dans la façon que le musicien crée ses mélodies vocales. Imaginez John Lennon qui essayerait de chanter comme Kurt Cobain. Ty Segall est cet androgyne. Les sonorités du disque sont à l’image de ce mariage sonore. Ce qui résulte de très bonnes pièces. I Bought my Eyes, Wave Goodbye et Muscle Man en sont deux bons exemples.
Même si Slaughterhouse n’est pas fait pour être joué dans les mêmes discothèques que Bowie , on sait que cet été le dernier disque de Ty Segall risque de faire craqueler les murs de nombreux voisins. À vous de ne pas taper trop fort du pied.