Politique internationale : pas si facile de gérer le Tibet...quand la langue de bois prévaut sur tout

Publié le 21 mars 2008 par Tibetip

Article (édito) publié sur le monde.fr le 21 mars 2008

Encombrant Tibet

LE MONDE | 21.03.08 | 14h26      Qu'il paraît loin le temps où Nicolas Sarkozy, tout juste élu président de la République, proclamait, Salle Gaveau, que la défense des droits de l'homme serait un des principes de base de sa politique étrangère ! Sous-entendu, en rupture avec le cynisme mercantile de ses prédécesseurs. Depuis, il y a eu le tapis rouge déroulé sous les pieds du colonel Kadhafi, les tentatives - vaines - de faire ami-ami avec Vladimir Poutine et maintenant ce silence à propos de la répression chinoise au Tibet. Dans le dispositif diplomatique du nouveau chef de l'Etat, Bernard Kouchner, le "french doctor", était censé incarner la nouvelle ligne. A propos de la Chine, il n'a pas trouvé d'autres mots que la langue de bois officielle sur "les formidables progrès" accomplis ces dernières années par les Chinois, pour corriger aussitôt sa bévue, car, a-t-il ajouté, "évidemment ce ne sont pas des progrès quand on tire dans les rues", et de rappeler qu'il a rencontré plusieurs fois le dalaï-lama... avant d'être ministre des affaires étrangères.

   Certes, la Chine est un pays qui compte dans le monde. C'est une évidence qui ne s'effacera pas, quelle que soit l'attitude des dirigeants occidentaux vis-à-vis de Pékin. Puissance économique, elle est devenue un partenaire commercial qui fait miroiter des milliards d'euros de contrats. Puissance stratégique, elle a su se rendre indispensable dans la solution de plusieurs conflits internationaux, de la Corée du Nord au Darfour. Il est sans doute de bonne politique de ne pas vouloir l'isoler alors qu'après des décennies de repli elle s'ouvre aux échanges humains. Il faut plutôt l'encourager dans cette voie en l'intégrant dans les organisations internationales, en multipliant les contacts, en la plaçant aussi devant ses responsabilités.

   La volonté de maintenir avec Pékin un "partenariat stratégique et global" n'interdit pas un langage clair. Au contraire, elle l'impose. Après qu'Angela Merkel eut reçu le dalaï-lama à la chancellerie à Berlin, la bouderie des autorités chinoises n'a duré que quelques semaines. Il y a fort à parier qu'il en ira de même avec Londres, si le premier ministre britannique, Gordon Brown, persiste dans son intention de rencontrer le chef religieux des Tibétains. Que risque M. Sarkozy à suivre ses collègues, lui qui affirmait pendant la campagne présidentielle que "la France doit porter des valeurs universelles et les faire vivre" ?

Pour manifester leur condamnation des méthodes répressives utilisées au Tibet, les Occidentaux disposent d'une panoplie de mesures graduelles. Le boycottage des Jeux olympiques de Pékin est une décision extrême. Une parole claire et nette constituerait déjà un premier pas. M. Sarkozy serait fidèle à lui-même s'il ne tardait pas trop à la prononcer.

L'artcile dans son contexte

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