Richard TAILLEFER (France).

Par Ananda

Je fermerai les yeux

Il n'y a rien de plus simple

Un jour de parfaite lucidité

Ni proche ni trop loin de moi

Étranger à mon propre espace

Dans ces instants de crépuscule

et de lassitude intérieure

Somnambule à toutes ces contraintes inachevées

Avec pour seul inventaire

ton visage pour unique paysage

Je me fous

de mes certitudes païennes

de ma fausse dévotion chrétienne

de mon bouddhisme exacerbé

Fux et reflux

je n'ai que faire des vos ténèbres incertaines

Je voudrais vivre de toute part

Ressentir de toutes les manières

l’excès de tendresse

la pâleur craintive de l'angoisse

La froide furie du destin

Les signes de ta main qui me retient

Rien ne m'attache à rien

Je recherche une paix absente

Pouvons-nous être

comme nous devrions être

Voir et entendre

On n'entend que ce que l'on voit

à l'intérieur de soi

Papillon qui passe

Cette furtive impression

d’emplir le vide énorme de la nuit

Me voilà en train d'écrire

tant bien que mal

Je pense à toi

Demain tu viendras

nous cueillerons des fleurs dans la campagne

qui s'éloigne à grands pas de nous

Nuit blanche entre les branches

La fenêtre se referme

et tout l'univers est à l'extérieur

Parfois aussi

un soleil couchant s'attarde au fil du ruisseau

Tu écoutes alors chanter le vent

qui porte tes rêves par-dessus les murs

et ne penses plus à rien

possédé que tu es par la terre et le ciel

Peux-tu exister clairement

sans avoir à y penser

Faire le bien ou faire le mal

t'accorder avec toi-même

pour t'absoudre à l'épreuve du malheur

et rire comme quelqu'un qui a beaucoup pleuré

Mais pourquoi chercher à comprendre

qu'il y avait bien quelque chose à comprendre

Toi qui n'est que la poussière du chemin

Richard Taillefer