Je fermerai les yeux
Il n'y a rien de plus simple
Un jour de parfaite lucidité
Ni proche ni trop loin de moi
Étranger à mon propre espace
Dans ces instants de crépuscule
et de lassitude intérieure
Somnambule à toutes ces contraintes inachevées
Avec pour seul inventaire
ton visage pour unique paysage
Je me fous
de mes certitudes païennes
de ma fausse dévotion chrétienne
de mon bouddhisme exacerbé
Fux et reflux
je n'ai que faire des vos ténèbres incertaines
Je voudrais vivre de toute part
Ressentir de toutes les manières
l’excès de tendresse
la pâleur craintive de l'angoisse
La froide furie du destin
Les signes de ta main qui me retient
Rien ne m'attache à rien
Je recherche une paix absente
Pouvons-nous être
comme nous devrions être
Voir et entendre
On n'entend que ce que l'on voit
à l'intérieur de soi
Papillon qui passe
Cette furtive impression
d’emplir le vide énorme de la nuit
Me voilà en train d'écrire
tant bien que mal
Je pense à toi
Demain tu viendras
nous cueillerons des fleurs dans la campagne
qui s'éloigne à grands pas de nous
Nuit blanche entre les branches
La fenêtre se referme
et tout l'univers est à l'extérieur
Parfois aussi
un soleil couchant s'attarde au fil du ruisseau
Tu écoutes alors chanter le vent
qui porte tes rêves par-dessus les murs
et ne penses plus à rien
possédé que tu es par la terre et le ciel
Peux-tu exister clairement
sans avoir à y penser
Faire le bien ou faire le mal
t'accorder avec toi-même
pour t'absoudre à l'épreuve du malheur
et rire comme quelqu'un qui a beaucoup pleuré
Mais pourquoi chercher à comprendre
qu'il y avait bien quelque chose à comprendre
Toi qui n'est que la poussière du chemin
Richard Taillefer