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Quand Airbus délocalise...

Publié le 05 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

L’installation de Airbus aux USA est-elle une victoire ou l’amère illustration de ce qui attend l’Europe et la France particulièrement, à savoir le départ du reste de son industrie ?

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Quand Airbus délocalise...
Tous les journaux de la grande presse s’en sont fait l’écho, vous l’avez lu et relu, Airbus s’installe aux USA, en Alabama, crée une usine avec 1000 emplois pour y monter des Airbus A320.

Pour Le Monde, c’est presque une victoire tant cela "énerve Boeing" qui "monte au créneau". Pour 20Mn, l’avionneur établit "une tête de pont", un petit peu comme une armée qui a franchi un fleuve et s’apprête à envahir un territoire, tous reprennent la dépêche signée AFP (rédigée par qui ? Par le service "com" d’EADS ?) qui vante les avantages, les mérites, de cette installation aux USA ! "Cela fait de nous des citoyens américains. Ces 30 dernières années nous avons vendu 17% des avions du marché américain, cela veut dire que d’autres vendaient le reste", s’exclame dithyrambique John Leahy, directeur commercial d’Airbus, et repris dans la dépêche de l’AFP…

Même Le Figaro y va de son cocorico… "Airbus à l’offensive sur le marché américain", "objectif 50% du marché américain"…

Pourquoi est-il si énervant de voir Le Figaro reprendre les "éléments de langage" d’EADS ? Parce que c’est lui qui, en 2008, avait publié cette intéressante interview de Louis Gallois dans laquelle il alertait les pouvoirs publics qu’à défaut d’une autre politique "de l’Euro", Airbus se verrait contraint de quitter l’Europe pour s’installer dans la zone dollar. Il a même clairement dit : "Si cela continue, l’industrie exportatrice fuira l’Europe. C’est la seule réponse à sa disposition pour survivre." Et aussi : "Nous allons également accroître le contenu en dollars de nos avions notamment en payant de plus en plus nos fournisseurs en dollars, et en les incitant ainsi à s’installer comme nous, plus fortement en zone dollar." Eh oui, Airbus, né de la volonté des Européens de se doter d’une industrie aérienne, né des aides et subventions accordées par les États européens, non seulement s’installe aux USA pour contrecarrer une distorsion de compétitivité, mais incite ses fournisseurs à en faire autant.

Non, n’en déplaise aux "journalistes" rewriters de dossiers de presse, l’installation de Airbus aux USA n’est pas une victoire mais l’amère illustration de ce qui attend l’Europe et la France particulièrement, à savoir le départ du reste de son industrie. Non, Messieurs, il n’est pas nécessaire de s’installer aux USA pour vendre là bas (17 compagnies américaines sont déjà équipées d’Airbus) ou, si c’est le cas, appliquons alors en Europe des mesures équivalentes à l’égard des constructeurs américains. Nous aurions au moins l’impression que Bruxelles sert à quelque chose. L’usine de Mobile en Alabama, c’est 1000 emplois de moins à Toulouse ou à Hambourg.

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En complément : Avec Airbus, Thales...

Thales a programmé toute une série de transferts d’une partie de son activité radar dans plusieurs pays à bas coûts. Outre Singapour, Thales réfléchit à créer des unités de production et à qualifier des sous-traitants au Maroc, au Brésil, au Kazakhstan et en Inde sur la période 2013-2016. Ce sont ses usines en France, en particulier en Normandie, qui vont en pâtir.

Un excellent article de « La Tribune » qui a soulevé le lièvre il y a quelques temps et qui revient dessus aujourd’hui. On sent le journaliste qui a mené son enquête, qui connait son sujet et qui n’aime qu’on le prenne pour un…

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