Qu’a-t-on lu depuis janvier ? Plus précisément : quels sont les ouvrages littéraires que les libraires ont vendus ? Pour partie, ceux de l’année dernière – les prix d’automne ont prolongé leur vie. Pour une autre partie, des livres plus anciens remis en lumière par des adaptations cinématographiques. David Foenkinos, Frédéric Beigbeder en ont bénéficié d’autant mieux qu’ils s’étaient eux-mêmes attelés à la réalisation. Mais encore ? Quelles nouveautés ?Des romans policiers, genre classique ou contemporain, ont fait leur nid. L’enquête russe, de Jean-François Parot (Lattès), par exemple. On pourrait aussi le ranger, en raison de son héros récurrent, dans la catégorie des livres à épisodes. Où se trouverait aussi, malgré un tout autre style, Patrick Rambaud (Cinquième chronique du règne de Nicolas Ier, Grasset). Et, pour revenir du côté du polar, Harlan Coben (Sous haute tension, Belfond), Camilla Läckberg (La sirène, Actes Sud), Michael Connelly (Volte-face, Calmann-Lévy), Mary Higgins Clark (Mes années perdues, Albin Michel), Arnaldur Indridason (La muraille de lave, Métailié) ou P.D. James (La mort s’invite à Pemberley, Fayard). Une récente enquête de l’IFOP, consacrée aux lectures d’été des Français, plaçait le roman policier en tête des préférences (17 %, devant le thriller et le roman sentimental, 10 % chacun). Il semble qu’on n’attende pas toujours l’été pour sa dose d’énigmes ou de frissons…Des objets littéraires plus difficilement identifiables ont trouvé leurs lecteurs. Haruki Murakami a conclu avec bonheur son ambitieuse trilogie d’1Q84 (Belfond), dont les deux premiers tomes étaient parus l’an dernier. Daniel Pennac s’est attaqué au Journal d’un corps (Gallimard) dans une chronologie qui finit, c’est toujours le cas avec l’âge, par se déglinguer. Surtout, le presque inconnu Grégoire Delacourt a été la surprise de l’année avec La liste de mes envies (Lattès), qui fait quelques envieux et se trouve encore, cette semaine, en tête des meilleures ventes de romans (selon Datalib.net). Françoise Héritier n’est pas loin d’avoir atteint le même public, qui aime entendre parler du bonheur, avec Le sel de la vie (Odile Jacob), autre succès imprévisible – et rassurant.Tout le contraire des succès très prévisibles, renouvelés avec régularité lors de chaque parution, par Marc Levy (Si c’était à refaire, Laffont) ou Guillaume Musso (7 ans après…, XO). D’autres auteurs de best-sellers, sans atteindre la popularité de ces deux champions pour l’instant indétrônables, ont été au rendez-vous : Jean-Christophe Rufin qui n’avait pourtant pas cherché la facilité (Le grand Cœur, Gallimard), Eric-Emmanuel Schmitt (Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus, Albin Michel) ou Marc Dugain (Avenue des géants, Gallimard).Les lectures au format de poche complètent ce palmarès basé sur les chiffres de ventes plutôt que sur la qualité – encore n’y a-t-il là rien de déshonorant. D’autant moins qu’en poche, si l’attendu l’emporte largement sur l’inattendu, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, de Jonas Jonasson (Pocket), et Sur la route : Le rouleau original, de Jack Kerouac (Folio), sont des titres qu’on n’espérait pas à pareille fête.