Hairspray triomphe au Deutschestheater

Publié le 05 juillet 2012 par Luc-Henri Roger @munichandco


La première d'Hairspray a eu lieu hier soir  au Deutsches Theater et c'est d'ores et déjà le triomphe de l'année. Le Deutsches Theater termine la saison sur un feu d'artifice pétillant de joie, de bonté et d'allégresse. Le professionnalisme est bien sûr au rendez-vous, avec son lot d'excellents chanteurs, mais c'est surtout l'explosion d'enthousiasme débordant et extrêmement communicatif d'une troupe époustouflante qui a conquis un public ému aux larmes, quasi en délire, qui se met  littéralement à hurler son enthousiasme dans une standing ovation immédiate au moment des applaudissements. On a rarement vu la foule des spectateurs se lever comme un seul homme dès que les lumières se sont éteintes pour exprimer autant de joie que de reconnaissance! 

Tracy Turnblad 

Un tout petit bout de femme, CORNELIA BRAUN (appelez-moi Conny!), incarne avec un talent extraordinaire l'héroïne TRACY TURNBLAD.  1mètre59 de concentré d'énergie, une petite bombe vivante avec des rondeurs magnifiques aussi douée pour le chant que pour la danse. Elle dispose d'un mezzo-soprano très particulier, avec une légère rocaille dans la voix qui capte aussitôt l'attention: elle a la voix de quelqu'un qui a quelque chose de capital à communiquer et qui va le faire savoir. Et dès son premier grand air, le public est captivé par le message d'amour, de joie, de paix, de tolérance, de fermeté inconditionnelle contre toutes les discriminations qui s'élève avec tant de pureté et de vérité. Conny Braun gagne la partie et les coeurs dès l'ouverture. Parce que c'est ça Hairspray: au-delà la lutte historique des années 60 contre la discrimination raciale aux USA, c'est la lutte contre toutes les discriminations dont il s'agit. Le message, c'est que tout le monde a le droit au respect, à l'acceptation et à l'amour, et qu'il faut arrêter, maintenant, tout de suite, de faire des catégories: les petits, les gros, les grands et les minces, les chevelus et les chauves, les hétéros et les gays, les lesbiennes et les trans, les noirs, les jaunes et les blancs, les pauvres et les nantis, les jeunes et les vieux, sont d'abord des égaux en humanité. Conny Braun, qui vient de se signaler dans la Danse du vampire à Vienne (Tanz der Vampire), est sans conteste une étoile montante à suivre, et dores et déjà une grande star de la comédie musicale!

Edna et Wilbur Turnblad

A ses côtés, dans le rôle d'Edna,  la mère de Tracy,  on trouve une des plus grandes stars de la comédie musicale en Allemagne, UWE KRÖGER, qui a une présence théâtrale hors du commun. Et il faut un talent extraordinaire pour incarner le rôle de cette mère au grand coeur qui a l'air d'une souillon négligée. Uwe Kröger s'inscrit dans la lignée de la grande, de l'incomparable DIVINE qui la première a incarné le rôle de la mère dans le film de John Waters. Et Kröger relève le défi avec un énorme présence en scène: son comique de travesti est irrésistible, et il sait donner vie à l'immense coeur de la pauvre femme. Il faut pour qu'une comédie musicale soit réussie que les artistes soient autant comédiens que chanteurs. Conny Braun et Uwe Kröger en font la démonstration éblouissante, tout comme, à leurs côtés , TANJA SCHUMANN, excellente en Prudy Pingleton, et ANDREAS ZARON, qui donne un Wilbur Turnblad des plus cocasses et des plus généreux. Extrêmement applaudis, la Motormouth Mable de DEBORAH WOODSON, une chanteuse à la voix profonde et puissante et l'excellent Seaweed d'EUGENE BOATENG, un danseur incomparable!
Et puis, il y a tous les autres, la troupe qui explose d'enthousiasme dans la danse et le chant. Pour Hairspray, la production a réalisé un énorme travail de casting, et c'est bingo pour ses chasseurs de talents! Les danses se succèdent à un rythme endiablé et captivent les spectacteurs sans un moment d'interruption. Il est rare d'assister à un tel travail chorégraphique. En fond de scène, dans un cadre bleuté, dix musiciens rythment le rock et la soul des deux heures trente de spectacle. Et la musique live contribue largement au succès de la soirée. Ajoutons à cela l'excellent travail du costumier qui a su rendre parfaitement le goût et la mode des années 60, avec comme pompon d' inénarrables costumes au grotesque accompli pour Edna Turnblad. Si les décors sont plutôt simples, ils sont efficaces, et on en retiendra la misérable chambrette très étroite dans laquelle doit vivre et travailler la famille Turnblad. L'idée d'en restreindre l'espace et de contraindre les comédiens à se serrer sur les rares mètres carrés disponibles est superbement efficace!
Reste à se précipiter au Deutsches Theater pour passer une soirée inoubliable!
Hairspray et Gay pride munichoise
Cette comédie musicale avec son message de lutte contre les discriminations et avec son grand rôle de travesti tombe à point nommé alors que s'ouvre la semaine de la Gay Pride munichoise (Müncher CSD du 7 au 15 juillet). Et les deux événements se rencontrent puisque qu'Uwe KRÖGER viendra présenter quelques scènes du spectacle sur la Marienplatz le samedi 14 juillet entre 16 et 17 heures! Ces extraits d'Hairspray constitueront un des clous du grand show de la CSD! On doit se féliciter de cette collaboration entre le Deutsches Theater et la CSD, d'ailleurs typique de l'esprit de tolérance et d'ouverture qui règne à Munich et que les grandes scènes de la capitale bavaroise ont toujours encouragé!
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Du 3 au 22 juillet au Deutsches Theater (métro Fröttmaning). Pour réserver,cliquer ici.