L’albatros (1/2)

Publié le 05 juillet 2012 par Sheumas

Présentation

Dans l’édition de 1861, ce poème précède naturellement celui qui porte le nom de « Elévation ». Il célèbre la liberté du poète lorsque celui-ci parvient à se libérer des contraintes terrestres. Quatre quatrains à rimes croisées dont le dernier est destiné à fournir la clé de l’interprétation du poème.

Le poète est un majestueux oiseau de mer (voir « l’homme et la mer ») : le poème est fondé sur une comparaison explicitée dans la quatrième strophe. Toute la description de l’albatros est donc à décrypter à travers le rapprochement avec le poète. La personnification de l’oiseau se construit à travers les trois premières strophes : « roi de l’Azur », « voyageur ailé ». La noblesse de ces images est en lien avec la périphrase du vers 13 : «  prince des nuées « . L’envergure signalée à travers l’hyperbole «  ailes de géant «  au vers 16 confirme l’impression majestueuse qu’exprime l’oiseau en plein vol.

Le poète connaît la plénitude au moment du vol : le ciel est à comprendre comme ce que Baudelaire appelle l’Idéal. Le poète et l’oiseau parfaitement à leur aise dans « la tempête » : le verbe « rire » indique le « jeu » auquel il se livre par la grâce de son talent. Le mot « archer » connote la violence et confirme l’impression de légèreté du poète, capable de faire ce qu’il veut tout comme l’albatros qui joue avec les courants ascensionnels. Au Q1, l’albatros est décrit dans un mouvement d’élévation qui lui est rendu possible par le biais de ses ailes comme le souligne le choix de l’adjectif « vaste oiseau des mers ». On peut reconnaître là comme un glissement de sens (un hypallage) du mot océan au mot oiseau. (C’est l’océan qui est vaste...) Par ailleurs, cette élévation est marquée dans le rythme des vers (enjambement des vers 2 et 3). Cette grâce du vol est d’autant plus nette qu’elle s’harmonise avec le mouvement du navire, tout en douceur et en fluidité comme le signalent les allitérations en « s » et en « f » du vers 4. Cette euphorie est d’autant plus nette qu’elle est fondée sur un système antithétique qui oppose la grâce au ridicule, la noblesse au grotesque, le ciel à la terre (le pont du navire).