Re(flux) 1

RE(FLUX) n’est pas une mixtape. RE(FLUX) est un revue « passé, présent, futur » de disques que l’on ne peut se résoudre à passer sous silence. RE(FLUX) est une publication hebdomadaire changeant de mains et d’optique à chaque numéro. RE(FLUX) à vocation à être sommaire, partiel et subjectif. RE(FLUX) n’est pas une mixtape, mais peut s’écouter – en fin d’article – comme une mixtape.

RE(FLUX) 1

01. Survive – s/t (Mannequin, 2012)

Si en France l’éclosion simultanée de Sommet (Desire Records) et d’Egyptology (Clapping Music) remet le purisme analog-synth au goût du jour, Austin n’est pas en reste avec l’efflorescence du mystérieux quatuor SURVIVE, composé d’Adam Jones, Kyle Dixon, Mark Donica et Michael Stein et auteur depuis 2010 d’éparses productions sur cassettes et CD-R. Fin mai dernier, leur debut-LP incrémente l’excellent catalogue du label romain Mannequin – dont est ici extrait Hourglass - réalisant la gageure de concilier aridité des machines et émoi mélodique.

02. Chevalier Avant Garde – A Difficult Whole (Where to Know, 2011)

Bien que le duo Chevalier Avant Garde ne soit plus aujourd’hui l’un des secrets les mieux gardés de l’axe helléno-canadien – du fait notamment du magnifique LP Heterotopias (lire) paru en début d’année sur le label danois Skrot Up et très bientôt réédité par le parisien deBonton – son EP A Difficult Whole, paru en novembre 2011 sous format cassette via la micro-structure Where To Now, reste l’une des pierres d’un édifice discographique les plus injustement mésestimées, permettant notamment de faire le pont entre leurs influences post-punk exprimées sous le patronyme Postcard et leurs visées synthétiques aujourd’hui affirmées.

03. Ikons – Life Rhythm (Service, 2012)

Mi-2010, via un LP éponyme, la puissance cosmique d’Ikons - septet issu de la scène ultra-remuante de Göteborg - percutait de plein fouet l’écorce terrestre sans que personne – ou presque (lire) – ne s’en émeuve. Étoile montante de l’écurie suédoise Service, c’est en changeant tout, ou presque, que le groupe s’invite à nouveau sur les devants de la scène, distillant une pop boréale bien plus proche de ses congénères et voisin de label The Embassy que de ses icônes kraut de leurs débuts. Qu’à cela ne tienne, Life Rhythm, s’il s’adresse à un autre public n’en reste pas moins l’œuvre d’ineffables épicuriens se délectant d’une twee-pop cuisinée à la sauce nordique.

04. CVLTS – Realiser (Aguirre Records, 2012)

CVLTS est l’un de ces duos qui auraient pu, par sa formule électro-ambient expérimentale, disparaître de la planisphère discographique sans que personne n’en ait réellement cure. Mais Yeshua Thomas et Gaurav Bashyakarla ont défloré dès leurs débuts (lire) ce que d’autres chercheront l’éternité durant : le magnétisme certain de leurs compositions – défiant toute structure rythmique tangible – culminant au firmament via Theta Distration. Paru mi-mai dernier sur Aguirre Records, Realiser consacre l’entreprise onirique tout en jetant parcimonieusement les bases de futures explorations. En témoigne Brahma Weapons où une batterie, sertie d’un chant susurré, augure d’un futur indicible.

05. Beak – >> (Invada Records, 2012)

Tandis que Beak - le groupe de Geoff Barrow (Portishead), Billy Fuller et Mat Williams – radicalise la forme, >> ayant été subitement révélé via le bandcamp du groupe, la trame et la production de ce dernier disque s’avèrent autrement plus abouties que lors d’un premier effort enregistré en à peine douze jours (lire). Si l’ensemble, d’une cohérence érudite maximaliste, ne surprendra personne, difficile en revanche de ne pas se laisser happer par les circonvolutions hypnotiques d’un couple basse/batterie métronomique, au sein duquel s’immisce la voix de Geoff, tel un phantasme dans un manoir abandonné.

06. Giant Giant Sand – Tuscon (Fire Records, 2012)

Howe Gelb est un homme heureux : alors que l’imposante discographie de Giant Sand, dont il fut l’inlassable architecte, vient d’être intégralement rééditée par Fire Records, le Texan dessine, par l’entremise de Giant Giant Sand, une envergure instrumentale à la démesure de son talent de songwriter. Douze musiciens s’étalonnent ainsi au soleil de Tuscon, berceau du groupe et dénomination d’un album paru le 11 juin dernier, toujours sur Fire Records. Un label passé maître dans l’art de la cure de jouvence après le retour impromptu de Robert Pollard et de ses Guided By Voices (lire).

07. Oh Tiger Mountain – Split EP Oh! Tiger Mountain / Moondawn (Microphone Recordings, 2012)

Microphone Recordings est un collectif d’artistes regroupant Johnny Hawaii, Kid Francescoli, Moondawn et Oh! Tiger Mountain. S’il fut déjà question du premier de cette liste non exhaustive – à l’occasion notamment d’une split tape transatlantique sur Hands In The Dark (lire) – les deux derniers du lot furent il y a peu associés à la première sortie dudit label, un pack cassette en édition limitée, d’un bleu azur à faire pâlir les mouettes du vieux port. Une manufacture soigneuse et circonstanciée à la hauteur de son contenant, oscillant gracilement entre folk des grands espaces, dardés d’un soleil de plomb, et divagations expérimentales, tapies dans de mélancoliques rêveries.

08. Scott and Charlene’s Wedding – Split LP Peak Twins / Scott and Charlene’s Wedding (Night People / Bedroom Suck Records, 2012)

Alors que l’on se prit à parier favorablement – et à tort – sur l’avenir de Surf City lors de leur brève apparition dans la catalogue Morr Music, la relecture d’un indie-rock cher à Pavement et consorts s’esquissait à quelques encablures d’Auckland. À Melbourne précisément, où Craig Dermody fomente dès 2010 Scott And Charlene’s Wedding, auteur d’un coup d’essai – Para Vista Social Club – susceptible de reléguer n’importe quel slacker US au rang de trader cocaïné. Rééditant bientôt celui-ci en version LP, le label kangourou Bedroom Suck Records étire les liens océaniques et co-édite avec Night People une split tape des garnements sur laquelle on retrouve par ailleurs les excellents Peak Twins. Gammy Leg des Australiens laisse pantois tant il singe sans parodier le talent de Malkmus.

09. Silver Jews – Early Times (Drag City, 2012)

Stephen Malkmus, justement, hante les démos de Silver Jews remastérisées et mises bout à bout sur le LP Early Time, fraîchement distillé par Drag City. Remastérisé, enfin, le mot semble bien démesuré pour une collection de brouillons tout juste dégrossis sur lesquels s’égosille David Berman. Il n’empêche, si l’on tente une histoire de l’indie lo-fi, Early Time, au même titre les rééditions des premiers Sebadoh par Domino (The Freed Man, III), serviront la cause, à défaut d’éviter les acouphènes.

10. Russian Tsarlag – Midnight At Mary’s House (Not Not Fun, 2012)

Carlos Gonzales vient de Floride (Tampa) et joue de ses patronymes - Russian Tsarlag ou Russian Tsarcasm – pour répandre sans discontinuer sa verve weird, unissant d’un même élan halluciné et lo-fi, le surréalisme lynchien et la gouaille de Daniel Johnston. Se délestant coup sur coup de deux LP via Not Not Fun - Midnight At Mary’s House et Voyage To The Encrusted Pillow - Carlos Gonzales taille par ailleurs sa réputation par ses performances aussi déjantées que captivantes (voir).

11. Inner Tube – s/t (Pacific City Sounds Vision, 2012)

Inner Tube est la réunion, sous la même bannière psyché-surf, de Mark McGuire d’Emeralds et Spencer Clark des Skaters. Autant dire que la perche n’est pas bien longue pour entremêler culture surf, méditation contemplative et idylle nimbée de soleil. Sorti via la propre structure de Spencer Clark, Pacific City Sounds Vision, nos deux échappés s’encanaillent actuellement sur les côtes australiennes afin de déglutir, avec tout autant de doigté, un second volume de ces divagations opiacées.

RE(FLUX) MIX 1

01. Survive – Hourglass
02. Chevalier Avant Garde – Angel Size
03. Ikons – Ink Void
04. CVLTS – Brahma Weapons
05. Beak – Yatton
06. Giant Giant Sand – Hard Morning In A Soft Blur
07. Oh! Tiger Mountain – He’s Not Alone Anymore
08. Scott And Charlene’s Wedding – Gammy Leg
09. Silver Jews – The War In Apartment 1812
10. Russian Tsarlag – My Leg Is Numb
11. Inner Tube – Bali High