Ce projet de recherche, financé par le Conseil britannique de recherche économique et sociale, de 5 années d'enquête sur l'égalité entre les sexes a même donné lieu à un ouvrage « Gendered Lives » de ce sociologue danois, Gøsta Esping-Andersenqui retrace les causes, conséquences et perspectives cette révolution incomplète vers l'égalité des sexes en Europe, et se demande comment une plus grande égalité entre les hommes et les femmes pourrait être possible. Les auteurs ont fait de multiples recherches, couvrant les comportements et les mesures en matière d'égalité entre les sexes au fil du temps, dans différents pays et à différents niveaux, de la politique à la famille.
Une des principales constatations est que si beaucoup d'hommes et de femmes se comportent encore conformément à l'image sociale de ce qui est attendu de l'Homme et de la Femme, les vrais responsables sont les institutions, à tous niveaux, qui se comportent également en fonction des attentes de la société. C'est à elles, explique Jacqueline Scott, professeur de sociologie à l'Université de Cambridge et co-éditeur du livre, de parvenir à remettre en question ces idées traditionnelles pour contribuer à l'égalité des sexes réelle et globale.
Des indices encourageants comme le partage des tâches ménagères, en particulier dans les pays nordiques où des mesures favorisant une plus grande égalité homme-femme ont été prises, mais aussi beaucoup de préoccupations surgissent, comme l'absence d'incitations des entreprises pour modifier les conditions de travail dans le sens d'un équilibre travail-vie et d'une égalité, salariale par exemple, homme-femme. Certains chercheurs impliqués concluent d'ailleurs que seule la loi pourrait contraindre à cette égalité, même s'il faut reconnaître une amélioration. Le modèle traditionnel soutien de famille masculin et femme à la maison tend à disparaître, plus de femmes ont pu faire des études supérieures, accéder aux postes de direction et aux professions libérales. Certaines même, gagnent un salaire comparable, voire supérieur, à leurs homologues masculins…
Mais le bilan montre aussi que l'écart subsiste et que nombre de femmes se débattent pour trouver un équilibre travail-vie personnelle et surtout quand il s'agit d'avoir des enfants. Pour preuve, le recul de l'âge du premier enfant. Certaines attitudes d'antan, ont la vie dure, soulignent les auteurs qui montrent la poursuite du modèle mâle dominant chargé de famille. Leurs données montrent ainsi qu'au sein du couple, de nombreuses femmes, tout autant que les hommes restent attachées à ce concept.Une autre étude menée en Suède, Norvège, Danemark, Pays-Bas, Allemagne, France et Grande-Bretagne révèle que les hommes sont plus heureux aussi quand ils apportent une contribution égale aux tâches ménagères. Dans ces couples-là, où l'homme « participe », il y a moins de conflits travail-famille et plus de bonheur, ajoutent les auteurs. Mais cet équilibre reste un phénomène encore marginal. Globalement, conclut le rapport, la révolution semble être au point mort.
Source: University of Cambridge « Charting gender's “incomplete revolution””(Visuel © Mickaël L'Achiver - Fotolia.com)