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[Critique] BAD ASS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Bad Ass

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Craig Moss
Distribution : Danny Trejo, Ron Perlman, Andy Davoli, Charles S. Dutton, Harrison Page, Joyful Drake, Patrick Fabian, Winter Ave Zoli…
Genre : Action
Date de sortie : 4 juillet 2012 (DTV)

Le Pitch :
Alors qu’il est dans le bus, un vétéran de la guerre du Viet-Nam met une bonne raclée à des voyous un peu trop zélés. Filmée par un passager, son intervention musclée circule rapidement sur internet et fait de lui un héros populaire. Lorsque son ami se fait assassiner, et devant l’inaction de la police, celui que l’on surnomme désormais Bad Ass décide de plonger à pieds joints dans l’action. Ça va faire mal…

La Critique :
L’origine de Bad Ass est pour le moins originale et dénote encore une fois de la formidable capacité de l’usine à rêve cinématographique à recycler absolument tout et n’importe quoi. À l’origine donc, il y a ce fait divers, survenu dans un bus aux États-Unis. Un type, barbu, âgé, portant un t-shirt I am a motherfucker, réplique par les poings à l’agression d’un jeune gars (pour voir là vidéo, c’est par ici). Le voyou finit la tronche en sang et le vieux gonze devient une légende du net. La vidéo circule et devient vite culte. Pensant qu’il y a là matière à faire un long-métrage, Craig Moss et son co-scénariste ne gardent que le postulat de départ : leur héros est toujours vieux, il tabasse toujours un loubard (deux en fait), il a une barbe et un t-shirt I am a motherfucker. Le reste, car il faut bien tenir 90 minutes, relève de la pure invention. Moss n’est pas allé chercher midi à quatorze heures en retrouvant le héros barbu pour réaliser une sorte de biopic burné, mais a préféré tisser une intrigue lorgnant vers les classiques du vigilante movie du type d’Un Justicier dans la ville. Dans le film, Bad Ass, car c’est le nom du protagoniste principal, est ainsi latino et plutôt furax. Il tabasse deux gus dans un bus (notez la rime), et se lance dans une vendetta contre le crime et la corruption. Le résultat évoque en effet Un Justicier dans la ville, mais aussi, et la présence de Danny Trejo n’y est pas étrangère, le récent Machette.

Ceux qui vous diront que Bad Ass est l’exemple typique du film bas de front et bourrin auront raison. Et c’est aussi pour cela qu’il est si bon. Totalement assumé, que ce soit par son réalisateur ou par ses acteurs, le long-métrage jouit d’une immédiateté remarquable, qui permet de rendre ses défauts négligeables. Car franchement, il apparaît comme impossible de ne pas s’imaginer les mecs derrière Bad Ass, en train de se marrer comme des tordus, à la vue de certains plans. Le début notamment, qui lève le voile sur la jeunesse du héros, et où le jeune Bad Ass (qui n’est pas encore Bad Ass), vend des hot dogs dans la rue, affublé d’une fausse barbe ridicule, certainement achetée à la boutique de farces et attrapes la plus proche. Un détail qui a son importance quand on a saisi le caractère second degré hautement comique de cette œuvre quasiment conceptuelle.

En roue libre, le réalisateur se lâche comme un sale gosse et offre un pur spectacle cheap, kitsch et jubilatoire sur la longueur. Les punchlines sont là, Danny Trejo a la banane et les méchants sont pourris jusqu’à l’os. On nage parfois en pleine télé novelas, avec un supplément d’hémoglobine et invraisemblances de toutes sortes. De quoi surpasser le foutraque mais sympathique Machette ? Peut-être bien si on considère la meilleure tenue de ce Bad Ass, finalement plus terre à terre, plus modeste, moins maniéré et du coup un peu plus attachant. Il n’y a aucun désir particulier ici, si ce n’est celui de donner du plaisir aux amateurs du genre. Bad Ass, c’est un peu Gran Torino en baggy.

Danny Trejo est parfait, il se fait plaisir et nous avec. Il bute des raclures, emballe la plus bonita des muchachas du quartier et se trimballe tout le film avec cette barbe fantasque cinegénique au possible. Un peu plus, et on serait tenté d’affirmer que Bad Ass tient du cartoon.

Le long-métrage joue avec les codes, fonce tête baissée dans les clichés, se plante en beauté, se relève, touche au but, fait tout péter, fracasse des dents, des culs et nous au passage. Film imparfait mais attachant, Bad Ass doit aussi et surtout sa réussite et son capital sympathie à Danny Trejo. Éternel second couteau, le pote de Robert Rodriguez est enfin depuis quelques années envisagé en tant que premier rôle. Et c’est mérité tant Trejo est l’une de ces gueules comme l’on en croise peu. Brut de décoffrage, le rôle de Bad Ass lui colle à la peau. Il remet les jeunes dans le droit chemin, élimine les truands grâce à une technique martiale des plus tribales et illumine la pelloche de sa tronche hors-norme. Rien que pour lui, Bad Ass vaut le détour. Craig Moss, conscient du potentiel de sa star, centre l’objectif sur les yeux malicieux d’un type baraqué et parfois touchant. Du grand art ? Faut pas déconner non plus, mais en tout cas c’est super cool.

@ Gilles Rolland

[Critique] BAD ASS

Crédits photos : Amber Lamps


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