Travailler sur une scène expose forcément aux risques de la musique amplifiée. Non, il ne s’agit pas d’un message de prévention – quoique les jeunes amateurs de tektonik iPodée devraient y penser s’ils veulent écouter autre chose que du boom boom à 35 ans.
Mais plutôt d’un constat empirique : une flopée de musiciens sont eux-mêmes sourdingues.
Petit florilège des amateurs de décibels.
On commence avec une spéciale dédicace à Bootsy Collins. Le gamin qui à 18 ans prenait la basse derrière James Brown , le bassiste intergalactique, l’homme aux chaussures dont les talons abritent un poisson rouge, est avant tout un amateur de grosses basses qui transpercent les murs.
En 1998, il se produit sur la scène principale de Montreux et c’est l’apocalypse sur scène.
Le système d’amplification de Boosty, c’est 18 kilowatts ou 18 000 watts ! Juste pour sa basse, juste pour sa gueule, et donc le plaisir ou la souffrance de nos oreilles.
Vu de derrière, c’est une accumulation de câbles comme j’en ai rarement vu au dos d’un ampli basse. Il faut imaginer une bonne douzaine d’amplis répartis en arc de cercle dans le fond de scène. Au moment où Bootsy branche son « Système », véridique, les 7 étages du Centre des Congrès tremblent. A la régie façade, l’ingé son s’arrache les oreilles.
Cela ne sert à rien de baisser le son en façade puisque Bootsy dispose de 18 Kg sous le pied ou plutôt entre les doigts. Et il semble difficile d’aller taper sur l’épaule de Bootsy et de lui dire de baisser son merdier…
Le soir du concert, auquel j’assiste de la régie façade, la moitié du public présent (3500 personnes) passera l’intégralité du concert avec les doigts dans les oreilles !
Dans le registre sourdingue, on peut aussi noter la prestation de Jeff Beck, grand monsieur de la guitare, mais complètement sourd. C’est bien simple, ses retours de scène étaient quasiment à fond, attention danger, ne pas s’approcher !
Et enfin Deep Purple, autre bel exemple de longévité sonore. Un volume sur scène à décoiffer un congrès de nonnes.