Ecrire un article avec de belles photos et flatter le crabe tambour ou les vertus du pique nique c’est bien, maisprendre un bain de foule et tester en Live l’impact de l’art in situ c’est autre chose. Après Joana Vasconcelos à Versailles en direct du fauteuil, pour ceux qui me lisent c’était l’objet du dernier billet, voici la suite :Vasconcelos, toujours à Versailles, version report et sous l’œil amusé de Marie-Antoinette.
Ah Versailles! On y va pour la grandeur, la beauté, les dorures, les parures, les plafonds de maîtres, les salons, grands, petits, le patrimoine. Et c’est vrai, c’est exceptionnel, la quintessence de l’art français. Je vous l’avais dit que j’irai voir Vasconcelos « en vrai », histoire de mouiller la chemise pour AGD MAG, votre site préféré. Et bien ce fut une visite made in China .. and Africa.Avant l’entrée j’étais déjà étiquetée touriste allemande par les légendaires vendeurs de cartes postales africains, le premier vigile a cru que j’avais moins de 26 ans et m’a dit « be fruit, euh free, c’est gratuit pour vous », mais au deuxième à la fouille du sac, ouille, j’en avais tout de suite 33 ! Le ticket en poche, autant vous prévenir tout de suite, Versailles c’est aussi une épreuve des 5 sens. On en prend plein les oreilles à cause du niveau sonore touristique (le NST), on a chaud (esprit sauna dans la toute nouvelle Galerie de l’histoire), on voit trouble, bref, c’est « Versailles Lanta », on en aurait faim ! Un bol de riz ne serait pas de trop à la fin de la visite. Et encore, il reste tout le domaine à visiter !
Tournez manège et prends donc un bain de foule !
Ensuite vient l’épreuve du labyrinthe, dès l’achat du ticket on tourne dans tous les sens, et on n’entend plus un mot de français. Au passage, j’avertis ceux qui veulent voir l’expo Charles Nicolas Dodin, peintre sur porcelaine qu’il va falloir visiter presque tout le château pour la voir (au passage une pure merveille, mais ça j’en parleraisur mon blog). Puis, me frayant un passage dans la foule majoritairement asiatique et frénétique (j’ai bien dit que la visite était made in China) j’arrive moi aussi à prendre quelques clichés des œuvres de Joana Vasconcelos, que voici ci-contre.
Viens dans mon Lilicoptère, je te montrerai mes froufrous !
Marie-Antoinette dit l’autrichienne, demandée selon la légende en mariage dans sa jeunesse par Mozart (c’est vrai) en aurait pensé quoi de tout ça ? Elle aurait ri de mon parcours, ça c’est sûr. Aurait-elle aimé faire un tour dans le Lilicoptère en plume ? Ou bien recevoir au Petit Trianon ses amis sous un Cœur indépendant rougeen petites cuillers. L’œuvre de Vasconcelos est déjà bien mieux finie et bien plus réjouissante quand on peut la contempler de près. Alors à tous les journalistes qui n’ont pas fait le déplacement je dis « allez donc voir de près au lieu de copier coller le communiqué de presse » ! Je taquine souvent côté homard, mais il faut bien l’avouer ses crabes sont de toutes beauté. N’oublions pas qu’elle utilise l’artisanat portugais, ici l’art du crochet, comme seconde peau pour valoriser ces créations. Les lions entièrement recouverts au crochet sont majestueux. Oui, Marie Antoinette l’adolescente (n’oublions pas quelle a été mariée à 14 ans à Louis XVI) aurait aimé donner des fêtes où les objets du quotidien auraient servi de prétexte à des œuvres théâtrales. Son intérêt pour la mode et les tendances l’aurait sûrement amenée à apprécier le travail de recyclage bohème de Vasconcelos ; elle aurait sans doute fait créer une ligne de chapeaux extravagants. Mais aurait-elle osé danser sous le lustre en tampons hygiéniques (œuvre proposée par Vasconcelos et refusée par le château) ?
Disons-le, les frivolités reprochées à Marie-Antoinette par le peuple, alors qu’elle ne dépensait pas plus qu’une autre, sont aussi associées à ce concept. Les œuvres sont un peu perdues, elles manquent de sens. De plus, les visiteurs supplémentaires détériorent aussi le patrimoine, ce dont on parle peu. Les vrais amateurs se régaleront sans doute d’une mixité très audacieuse, mais pour le tourisme de masse, la Galerie des glaces aux allures de cantine perd de sa splendeur. Pour moi les barrières de protection sont trop proches des œuvres, ne faudrait-il pas un certain recul , ou toutes les suspendre dans les airs? J’ai eu l’impression d’avoir été invitée à un bal masqué virant en bal du cliché, tant les flashs crépitaient. Versailles ne se suffit-il pas à lui-même ? Je me mets à regretter le temps où visiter le château un peu poussiéreux, était facile, peu cher, et moins conceptuel. Mais ça, c’était avant. C’était Karin en direct de Versailles, à vous les studios d’AGD MAG.