En vrai, je devrais écrire : Emily Haines. Et vous auriez tout compris. Et cette chronique serait finie.
Mais… Comme mon ami Julien, vous n’êtes pas tous venus voir Metric ce 3 juillet au Trianon, à Paris, dans le cadre de la tournée de soutien au nouvel album Synthetica, le cinquième en dix ans d’existence du gang de Toronto. Et, peut être, certains d’entre-vous ont envie de se replonger dans cette ambiance singulière d’un set qui rappelle que la musique doit être vue et écoutée jouée live. Metric en concert, c’est vraiment mieux que sur CD alors que je dois confesser une sérieuse addiction pour leurs titres studios déjà…
Mais… Il n’y a pas que le charisme renversant de la chanteuse-claviers-guitare-tambourin et sa voix protéiforme, qui passe de la femme enfant nasillarde aux volutes plus rauques et sucrées en fonction de l’émotion qu’elle entend créer. Il y a aussi ces trois mecs autour : guitare, basse, batterie, dont le talent s’exprime quand Emily s’efface derrière les instruments. Il y a un couple rythmique qui structure la transe. Il y a une guitare entre stries électriques et riffs ravageurs qui n’oublie jamais de saluer Thurston Moore et Sonic Youth. Comme sur l’intro de Stadium Love, pourtant pas le titre calibré pour à l’écouter sur album. Certains auront vu ces interminables et merveilleux “Thank You Sonic Youth” en concert. Qu’ils se taisent, je suis jaloux.
Mais… Il y a ce public, conquis d’avance à l’exception d’Arthur Fontel, qui chavire au moindre geste de la chanteuse, laquelle ne lésine pas sur l’énergie déployée. Elle va et vient sur la scène quand elle ne martyrise pas consciencieusement ses claviers (heureux objets…). Elle est cette vague qui vient lécher les mains du premier rang, lequel se retourne littéralement, ravi. Mais… je n’avais pas commencé en écrivant qu’il y a plus qu’Emily Haines dans ce concert ? OK, ça va être dur.
Désolé pour la première partie : le groupe français Concorde, vaillant dans l’effort, présente son premier essai long format d’une pop rock léchée qui mériterait sûrement de revenir sur mon lecteur mp3. Las… Je fais partie de celles et ceux qui sont venus voir Metric. Je les avais quittés en 2010, le visage baigné de larmes de bonheur. Souvenirs très précis d’un set furieux délivré dans l’enceinte de la Cigale. Dans le cadre du voisin Trianon, à la belle acoustique soit dit en passant, j’arrive vierge à nouveau. Bien décidé à trouver ce que j’attends de la musique : ce tsunami d’émotions qui lave tout et me trouve nu comme au jour de ma naissance, les yeux éblouis, le cœur renouvelé. Qui plus est, Synthetica est un peu plus calme que ces prédécesseurs. Donc…
Donc, dès le deuxième morceau de Metric, j’ai les yeux qui piquent. Je pleure sur le troisième. Ça c’est fait. Le rock du quatuor canadien prend aux tripes, entre relents de cet underground qui les a vus émerger au début des années 2000 et mélodies subtiles aptes à séduire les auditeurs les moins familiers de la scène indépendante. La bande d’Emily a ce don pour trouver les gimmicks les plus efficaces sans se départir d’une attitude irréprochable. Évidemment, le charme de la chanteuse, l’usage de claviers, les riffs sales évoquent une autre Marylin sous acide : Debbie Harry. Y a plus dégueu comme héritage, non ?
Et celui-ci ne pèse absolument pas sur les épaules du groupe. Il sait mener son public exactement là où il le veut. Il suffit d’un solo de guitare joliment saturé, d’un déhanché d’Emily, d’une nappe distordue de synthés pour que le public hurle à l’unisson. Et si par mégarde la chanteuse s’empare du tambourin pour scander un titre et là c’est une marée qui claque des mains en cadence. Sur les hymnes que sont Help I’m Alive ou Dead Disco (vont-ils un jour réussir à la jouer deux fois d’affilée de la même manière ? Défi), la salle devient chœur qui reprend du couplet au refrain. La vague Metric s’abat sur ces corps serrés, les prend, les retourne, les rejette… Et recommence. Si par cas il y a avait un peu de mou, comptez sur Emily pour venir taquiner les fans. Effet garanti. L’exécution de Gold Guns Girls me laisse le souffle coupé.
Photo courtesy of Alex (bises)
Elle met littéralement le feu à la scène, portée par des lights qui surlignent parfaitement les ambiances sonores. Le rouge la voit courir, headbanger, crier… Je l’ai déjà écrit, mais la voix d’Emily Haines, c’est quelque chose. A croire qu’il y a trois chanteuses dans ce fichu groupe, tant les tessitures varient au fil non pas des titres mais des changements à l’intérieur des morceaux. Une telle maîtrise, moi, ça me renverse. Et je ne suis audiblement pas le seul.
Faut garder en tête ces images du Gimme Sympathy final, voix et guitare sèche, qui laisse l’audience pantoise, suspendue comme en apesanteur. Metric a joué une bonne heure et demie. Nous a fait passer par quasi tous les états d’émotion possible. Je sèche mes larmes. Heureux.
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Bonus copain : les photos du live de 2009 à La Maroquinerie par mon ami Stéphane Burlot.
Bonus HADOPI : télécharge Metric Collect Call (Tom Wrecks Remix)
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Bonus vidéo : Metric « Help I’m Alive (Live @ Trianon) »