A l'issue d'une heure trente de discours fleuve, les députés ont sans surprise accordé leur confiance au gouvernement Ayrault par 302 voix contre 225. L'opposition UMP ne s'est pas contentée de pointer la généralité du discours prononcé par un Premier ministre trop normal, elle s'est faite remarquer par un manque de tenue pas très républicain.
Est-ce le vent du boulet qui leur est monté à la tête, toujours est-il que les députés UMP rescapés des législatives ont très bruyamment manifesté leur joie de se retrouver dans l'hémicycle.
A la posture d'opposition responsable, les parlementaires UMP ont préféré dérouler le catalogue des attitudes de potache, multipliant huées, lazzis et broncas, interpellations et mimiques, le tout ponctué par des cris et des ricanements. Bref, si le discours du Premier ministre manquait de souffle tel n'était pas le cas de l'opposition décidée à démontrer qu'elle existe, une façon d'exorciser les déchirures idéologiques et les querelles de personnes qui la traversent.
Pourtant, si Jean-Marc Ayrault a récité, comme le titre Le Progrés.fr, son petit Hollande illustré, il a également appelé à la "mobilisation générale" pour redresser le pays.
La gravité du contexte économique devrait se prêter à un moment d'union nationale. Mais en esquissant l'héritage laissé par la droite notamment, un pays, "abîmé moralement" et "affaibli économiquement" par une dette "écrasante", le Premier ministre n'a obtenu que le silence des responsables de la droite et les quolibets des députés de base de l'UMP.
Même tonalité électrique au Sénat où la lecture du discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, s'est effectuée dans une ambiance houleuse contraire à la retenue qui caractérise la Chambre haute. Invectives à répétition et claquements de pupitres dans les rangs UMP ont laissé craindre un moment une interruption de séance.
Ce climat inhabituel a poussé le président du groupe PS, François Rebsamen, à dénoncer "le manque de respect de la droite au moment où la France est confrontée aux plus grandes difficultés". EELV a enfoncé le clou par la voix de son président de groupe. "Vous pourriez plutôt présenter des excuses pour avoir laissé le pays dans cet état-là", a lancé Jean-Vincent Placé.
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