Concert mercredi 19 mars à l'Eglise Saint-Roch. Au programme, la Passion selon Saint-Jean de JS Bach. Pierre Cao dirige l'Orchestre du Concert Lorrain et le Choeur Arsys Bourgogne. Christoph Prégardien interprète l'évangéliste, Andreas Pruys, le Christ et Peter Kooij, Ponce Pilate. Robin Blaze et Katharine Fuge interviennent respectivement sur les registres d'alto et de soprano.
Je voue pour ma part une admiration sans borne pour cette Passion qui, finalement, me touche plus que celle selon Saint Matthieu. Moins puissante et dense, que cette dernière, elle est toutefois plus lumineuse, moins austère et le choeur y joue un rôle plus important.
La version que Pierre Cao nous a délivrée mercredi est dans la veine d'un Kuijken avec le parti pris d'une grande intériorité, d'un certain intimisme. Ceci est largement facilité par l'existence dans cette Passion d'un choeur unique, donc moins ample, et d'une instrumentation plus réduite que dans la Passion selon Saint-Matthieu.
Cette version a surtout été dominée de façon indéniable par un Christophe Prégardien très en forme et qui est passé maître dans se rôle d'évangéliste. Diction parfaite, phrasé impeccable, il nous fait littéralement vivre cet évangile avec vigueur et densité. Il est proprement extraordinaire.
Les voix devant incarner cette transcendance divine si bien écrite par le Cantor ont honorablement tenu leurs rôles. Robin Blaze était conforme à lui-même, comme dans ses nombreuses interprétations des cantates de JS Bach avec Maaki Suzuki. Appliqué, précis, mais avec ses limites habituelles un peu irritantes sur les aigues. Katharine Fuge a été excellente dans la seconde aria de la soprano ("Zerfliesse, mein Herze"), aria d'ailleurs splendide. Je l'ai trouvée aussi convaincante que sur la Trauer Ode enregistrée récemment avec Philippe Pierlot (cf. note du 12 mai 2007).
Le Choeur Arsys Bourgogne est excellent et dégage un magnétisme étonnant. Sa précision et sa présence ont largement contribué à la beauté de ce concert.
Beau concert donc, sous le signe indéniable de la méditation et où la fougue de cette Passion qui précède la grande Passion selon Saint-Matthieu reste sous contrôle.
Pour la première fois de ma vie de mélomane, j'ai assisté mercredi à cette expérience sidérante, à savoir, "l'interdiction" d'applaudir parce que le concert se déroulait durant la semaine Sainte. Cette instruction placardée sur les piliers de l'église dans un style plutôt anguleux a bien contribué au refroidissement de l'atmosphère. Pour que je sache, la Passion n'était pas donnée dans le cadre d'un Office et il s'agissait d'un concert public, donné par Philippe Maillard Productions et non organisé par une congrégation religieuse...