Dive pourrait être la banale histoire d’une bande de potes qui prennent les instruments afin de tromper l’ennui et de ressembler à leur idole, en l’occurrence Nirvana, auquel leur patronyme fait directement référence (incontournable single retrouvé sur Insecticide). Seulement, le quatuor n’en est pas à son tour d’essai, la petite troupe étant mené par le guitariste de Beach Fossils et l’ex-batteur des Smith Westerns. Voilà qui a de la gueule. Et après quelques impressionnants singles paru sur le décidément inévitable label new-yorkais Captured Tracks, le groupe s’apprête à passer au long format alors que Dirk Ivens (ex-The Klinik) oblige nos petits Ricains à changer de nom pour ne pas faire trop d’ombre à son projet d’EBM également intitulé Dive. Une reprise de Bambi Slaughter plus tard, le combo débarque enfin avec Oshin, pure bombe dream-pop lorgnant du côté de Galaxie 500, digérant leurs aspirations grunge et shoegaze avec un fort relent pop californien. Rien que ça. Un bouleversement sonore dont les déflagrations devraient s’étendre de la côte est à l’autre bout de l’Europe, entamant au passage quelques fondations.
Autant le dire tout de suite, on est loin de la pop crétine d’un Real Estate : DIIV envoie valdinguer la six cordes et fait pleurer les fûts - Druun ouvre d’ailleurs avec un enchaînement de grosses caisses rythmé et sec. Et si Past Lives et Human laissent entrevoir la patte de Zachary Cole Smith, chef d’orchestre de ce projet, il ne s’agit là que d’un succulent début qui ira crescendo dans divers excès. Car oui, indéniablement, on retrouve quelques similitudes avec Beach Fossils, mais brutalement chavirées par des titres comme How Long Have You Known ou Earthboy, semblant reprendre les affaires là où le groupe de Dean Wareham les avait laissées sur This Is Our Music. On pense aussi à Slowdive et au tout premier My Bloody Valentine sur l’étonnant Wait, mélodieux track se perdant peu à peu dans les larsens et la distorsion. Et loin d’être une bande de suiveurs, DIIV digère parfaitement ses influences. Ils montrent l’exemple sur le captivant Sometime, déjà paru en face B de leur second single, sommet de summer pop, moite et entêtant. Alors que Dive n’était qu’un projet des plus expérimentaux élaboré par Zachary Cole Smith, seul, dans un coin de sa chambre, le quatuor lui donne une dimension unique, s’approchant pas à pas de la perfection. (Druun pt. II) et sa courte instrumentale marque une incursion des plus remarquées dans le kraut tandis que Follow fait le pont entre pop madchesterienne et le rock aérien d’un Durutti Column, un exploit réalisable grâce à l’alchimie combinée de quatre musiciens d’un talent étonnant. Cependant la pierre angulaire de cet album restera certainement le nerveux Doused, hymne post-grunge fiévreux et terriblement efficace. Un hit qui prend aux tripes et qu’on nous pond seulement tous les dix ans.
“Never nobody gone so far”… On serait tenté de croire Smith qui accouche certainement de l’album le plus indispensable de cet été. Peut-être la signature la plus emblématique du label de Mike Sniper depuis The Soft Moon, en attendant de voir ce que nous réserve Holograms, le prochain Wild Nothing et surtout Heavenly Beat, side-project de John Pena officiant également au sein de Beach Fossils.
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Tracklist
DIIV – Oshin (Captured Tracks, 2012)
1. (Druun)
2. Past Lives
3. Human
4. Air Conditioning
5. How Long Have You Known?
6. Wait
7. Earthboy
8. (Druun pt. II)
9. Follow
10. Sometime
11. Oshin (Subsume)
12. Doused
13. Home