Kokor © Futuropolis – 2012
« A Dublin, tous les jours, un homme à l’allure rondouillarde et anodine traverse la ville pour se rendre sur le port et toujours s’installer au bout d’un quai, pour tranquillement déjeuner. Il fait tout pour passer inaperçu. Nul ne sait qui il est, pourtant tout le monde l’épie. Pour les uns, il est muet, pour d’autres, c’est un auteur qui prépare un ouvrage sur la vie des mouettes ou des poissons, voire sur l’origine des espèces » (extrait du synopsis éditeur).
Là, tapis dans le lit de leurs vies ordinaires, Camille, Willie, Kelly, Sam’Body O’FLanagan, Ryan O’Slogan… projettent – sur la silhouette de cet homme-mystère – tous leurs rêves et leurs fantasmes au travers de questions sur l’origine de cet homme ; D’où vient-il ? Où va-t-il ? L’occasion pour nous de les découvrir, de les entendre vivre et de plonger une nouvelle fois dans l’univers magique d’Alain Kokor.
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Un immense merci à Futuropolis pour cette découverte et mille compliments émerveillés à destination de l’auteur qui toujours parvient à me faire oublier la réalité.
Un décor intemporel permet au lecteur de se déplacer à sa guise dans ce monde, d’y projeter ses propres représentations sur les zones d’ombre laissées graphiquement en chantier : un visage imprécis, une silhouette floue, un building en construction… quelques croquis épars livrés çà et là au lecteur montrent toute la sensibilité d’un individu, quelques strips mettant en scène les délires humoristiques d’un personnage du récit. Cet ensemble, loin de créer de la confusion, incite le lecteur à s’investir pour élucider la clé de l’énigme avant l’heure. Y parviendra-t-il ? Un univers qui se développe dans des teintes marrons-ocre et illustre les petits rituels rassurants d’un quotidien où parfois, un événement imprévisible surgit. Pour Kokor, ces imprévu semblent faire le sel de l’existence puisqu’il leur associe des couleurs vives, cassant régulièrement la morosité apparente de l’album. Durant ces épisodes colorés, on y retrouve les teintes que l’auteur emploie dans des récits comme Les voyages du Docteur Gulliver ou Le commun des mortels.
Une lecture que je partage avec Mango et les lecteurs BD du mercredi
Les chroniques de PaKa, Culturebox, Jack et David Fournol. Ils n’ont pas accroché : William (sur SambaBD) et Jean Loup (sur Coin BD).
Extraits :
« J’ai toujours pensé que les ponts étaient des mains tendues à la poésie. Traverser tous les jours celui-ci m’amenait aux rimes, puis à l’appétit » (Supplément d’âme).
« Deux éléments principaux hantaient régulièrement notre sommeil. Le premier donne des ailes avec sa culminante majorité. 74% des humains peuplant la Terre avaient comme rêve récurrent de la survoler. On les appelle : les hommes oiseaux. Bien sûr, chaque décollage témoignait d’une originalité différente, mais tous se retrouvaient dans les nuages… C’est fou. 74% des Terriens en s’endormant montaient au ciel, leur élément. Moins nombreux dans le second élément, les 20% de Terriens qui s’y plongeaient n’en étaient pas déplumés de rêverie pour autant. Bien plus avides au milieu marin, ils avaient eux, en récurrence de se rêver en son sein. On les appelle : les hommes-poissons (Supplément d’âme).
« Quand on dit oui à un premier rendez-vous, on bascule aussitôt dans un rythme cardiaque nourri de petites phrases sans construction et de bafouillements charmants et crétins, qui n’ont pour seul but que l’immense plaisir de recaler ce oui dans la conversation en y ajoutant tout le piment d’un prénom nouveau » (Supplément d’âme).
Supplément d’âme
One Shot
Éditeur : Futuropolis
Dessinateur / Scénariste : Alain KOKOR
Dépôt légal : juin 2012
ISBN : 9782754803724
Bulles bulles bulles…
Les 6 premières planches sur Digibidi.
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