L'anciene figure de la droite radicale est morte à 96 ans après une longue maladie. Il est notamment connu pour avoir soutenu l'extension des colonies israéliennes dans les Territoires Palestiniens.
Yitzhak Shamir, ancien premier ministre israélien, membre de plusieurs organisations extrémistes juives et figure historique de la droite israélienne, est mort samedi soir à l'âge de 96 ans dans une maison de retraite d'Herzliya.Retiré de la vie politique, il souffrait de la maladie d'Alzheimer, et ne reconnaissait plus personne depuis plusieurs années. Cet homme de petite taille, doté d'une volonté de fer, incarnait l'intransigeante droite révisionniste israélienne fondée par le grand rival de Ben-Gourion, Zeev Jabotinsky.
Shamir est resté toute sa vie fidèle à la pensée de son mentor, farouche partisan de la souveraineté israélienne sur toute la Palestine mandataire, soutien inconditionnel de la colonisation de la Cisjordanie, et opposant radical à la création d'un état Palestinien.
Né en 1915 en Biélorussie, à l'époque province de la Russie Tsariste, Shamir avait adhéré très jeune au Bétar, le mouvement de jeunesse des Révisionnistes, avant d'immigrer en Palestine en 1935. Il rejoint l'Irgoun, mouvement qui s'oppose violemment dans les années 1940 au mandat Britannique sur la Palestine.
Après une scission, il devient l'un des chefs d'une aile encore plus radicale, Lehi, plus connue sous l'appellation de «Groupe Stern». Cette organisation clandestine paramilitaire lutte à la fois contre les Arabes et contre les Britanniques. Shamir est l'un des organisateurs de l'assassinat à Jérusalem en 1948 du Comte Folke Bernadotte, le représentant du Conseil de Sécurité des Nations-Unies.
Opposé aux négociations avec Arafat
Après l'indépendance d'Israël, il passe plusieurs années au sein du Mossad, les services secrets israéliens, avant d'entrer en politique dans les rangs du Likoud. Il devient le chef de file de l'aile la plus intransigeante du parti. Shamir s'abstient lors du vote à la Knesset des accords de paix avec l'Égypte en 1977, pourtant signés par le chef du Likoud, Menahem Begin. Ministre des Affaires Etrangères, il succède à Begin en 1983 lorsque ce dernier se retire de la vie politique, brisé par le fiasco de l'invasion du Liban.Premier ministre entre 1983 et 1984, puis entre 1986 et 1992, Shamir réprime l'Intifada palestinienne de 1987, et s'oppose aux négociations avec Yasser Arafat. Contraint par les Américains à ne pas intervenir dans la guerre du Golfe de 1991 contre Saddam Hussein, il accepte cependant sous la pression de Washington d'entrer en pourparlers avec les Palestiniens à la conférence de Madrid en 1992.
Le secrétaire d'Etat américain du président Georges H. Bush, James Baker, excédé par l'intransigeance de Shamir, avait rappelé à la télévision le numéro de téléphone du département d'État au premier ministre israélien, lui demandant ironiquement de l'appeler quand il aurait sérieusement l'intention de faire la paix.
Défait aux élections de 1992 par le vieil adversaire de l'Irgoun, le travailliste Yitzhak Rabin, Shamir condamne le processus de paix commencé à Oslo en 1993 comme une «erreur stupide». Soutien de Netanyahou en 1996, puis de Sharon, il est contraint par la maladie de renoncer à toute activité politique au début des années 2000.
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, chef du Likoud, a rendu hommage au défunt: «Il appartenait à la génération des géants qui a créé l'état d'Israël et lutté pour la liberté du peuple Juif sur sa terre».
source : Le Figaro